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Après les manifestations Mahsa Amini : les réflexions des jeunes Iraniens
Une partie de la société peut changer les règles du jeu, comme en témoignent les protestations qui ont choqué le monde et les autorités en Iran en 2022 avec pour cri de ralliement « La femme, la vie, la liberté ».
Désintérêt populaire
Un désintérêt populaire est observé à l’approche des élections, les candidats cherchant à attirer les jeunes, réticents à y participer. La « liberté » domine leurs discours brefs, reflétant leur monde virtuel, incompris par le régime des générations antérieures. Une fracture indéniable sépare la jeunesse, née après la révolution de 1979, des révolutionnaires.
La question qui se pose est de savoir si cette génération croit en cette expérience électorale comme moyen de changement ou si elle considère que les protestations sont plus efficaces que les élections.
Le chercheur politique Abbas Abdi estime que, similaire au « Printemps arabe », la question de la jeunesse en Iran est liée à Internet et au monde virtuel, créant un fossé entre les systèmes politiques et la jeunesse. Ce décalage rend difficile la compréhension des revendications de cette génération qui aspire simplement à une « vie normale ».
Obstacle moral
Concernant les élections imminentes, il semble que cette génération soit moins intéressée, mais la distance n’est pas très grande selon Abdi. Après les récentes manifestations, l’abstention ou la participation des jeunes électeurs est liée à la nature même des élections. Abdi s’est lui-même abstenu de participer aux élections présidentielles de 2021 car selon lui, elles ne portaient pas le sens véritable des élections.
L’événement tragique de 2022, avec la mort de Mahsa Amini, a laissé une marque indélébile chez les jeunes, créant un obstacle moral les empêchant de participer aux élections, surtout à Téhéran. Selon Abdi, cette barrière éthique dépasse la dimension politique.
Demandes
Les demandes fondamentales des jeunes iraniens aujourd’hui sont d’ordre culturel, social et économique, mais leur résolution nécessite la réalisation de demandes politiques. Abdi souligne que les demandes sociales et culturelles ne seraient pas difficiles si le régime ne les compliquait pas en traitant la jeunesse avec une grande sensibilité et en lui accordant la liberté nécessaire.
Les analystes politiques indiquent que les jeunes en Iran ont des revendications plus sociales et économiques que politiques, ce qui entraîne une division parmi eux : certains se désintéressent des élections, d’autres se concentrent sur les aspects sociaux et économiques des candidats.