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Le gouvernement a présenté hier le budget de la France pour 2025. Les faibles hausses de recettes qu’il prévoit le contraignent à proposer des coupes budgétaires qui menacent l’avenir du pays.
Philosophie budgétaire du gouvernement
Un budget en dit toujours beaucoup sur la philosophie du gouvernement qui le présente. Celui qui a été présenté hier à Bercy pour l’année 2025 sans doute encore plus que d’habitude. Après le dérapage des comptes publics de l’année 2024 – le déficit de la France devrait atteindre 6,1 % à la fin de l’année, contre 4,4 % prévu initialement – n’importe quel gouvernement serait intervenu pour redresser la barre. Sans quoi, le déficit aurait atteint 7 % en 2025.
Pour revenir sous 3 % de déficit en 2029, la première marche consiste à viser 5 % l’année prochaine, ce qui nécessite d’économiser 2 % du produit intérieur brut (PIB), soit 60 milliards d’euros.
Répartition des efforts budgétaires
Le tiers de l’effort (20 milliards d’euros) viendra de hausses de recettes et les deux tiers restants (40 milliards) de baisses de dépenses. « C’est par la hausse de la dépense que nos finances publiques se sont dégradées, aussi est-ce d’abord et prioritairement par une baisse de la dépense que devra passer l’effort de redressement », a justifié le ministre du budget et des comptes publics Laurent Saint Martin.
Des économies seront réalisées par l’État via ses ministères, avec 20 milliards d’euros prévus, tandis que 15 milliards d’économies seront demandées à la Sécurité sociale et 5 milliards aux collectivités locales.
Impact des hausses d’impôts
Des hausses d’impôts sur les grandes entreprises et les ménages les plus riches sont annoncées, mais elles souffrent de nombreuses limites et leur caractère temporaire a été maintes fois rappelé. « Même si l’outil fiscal est nécessaire à court terme (…) nous conservons notre doctrine en maintenant une politique de l’offre », a résumé Antoine Armand, ministre de l’Economie et des finances.
Cependant, l’effort à réaliser est d’une telle ampleur qu’il risque de plomber l’activité, et donc in fine les recettes fiscales.
Principaux points de tension budgétaire
La vérité budgétaire va se jouer à chaque ligne du texte et à chaque virgule, le tout à grand renfort d’amendements. Nous allons explorer les 10 principaux terrains d’affrontement à venir.
1. Fiscalité des entreprises
Les nouvelles mesures fiscales ciblent uniquement les plus grandes entreprises, dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard d’euros. Leur taux d’impôt sur les sociétés sera majoré pendant deux ans, générant 8 milliards d’euros de recettes en 2025, puis 4 milliards en 2026. Les sociétés du transport maritime seront soumises à une taxe exceptionnelle de 9 % en 2025.
2. Justice fiscale
Le gouvernement instaure un taux d’imposition minimum de 20 % pour les très hauts revenus. Toutefois, cette mesure n’est pas suffisante pour limiter l’optimisation fiscale des plus riches. Bercy n’en attend que 2 milliards d’euros de recettes l’an prochain.
3. Cotisations sociales sur les bas salaires
Les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires seront révisées, permettant de récupérer 4 milliards d’euros l’année prochaine. Les exonérations pour les salaires proches du SMIC seront diminuées.
4. Retraités modestes mis à contribution
Le gel des pensions sera acté pendant six mois, entraînant une économie de 3,6 milliards d’euros pour l’État. Les retraités les plus modestes seront les plus touchés par cette mesure.
5. Politiques de l’emploi
Les politiques de l’emploi subiront une baisse de 2,5 milliards d’euros en 2025. Certains dispositifs, comme l’expérimentation territoires zéro chômeur de longue durée, seront maintenus, mais d’autres, tels que les emplois francs, seront supprimés.
6. Education nationale
Le gouvernement prévoit la suppression de 4 000 postes de professeurs, dont plus de 3 000 dans le primaire. Cette décision intervient malgré l’importance d’améliorer le taux d’encadrement dans les écoles.
7. Santé
Le remboursement par la Sécurité sociale des consultations chez les médecins et les sages-femmes passera de 70 à 60 %. Cette mesure vise à économiser 1,1 milliard d’euros, transférant ainsi la charge vers les complémentaires santé.
8. Transition écologique
Bien que le budget vert semble augmenter, les coupes claires dans des dépenses utiles comme le programme MaPrimeRénov soulignent une régression dans l’engagement climatique du gouvernement.
9. Fiscalité écologique
Une hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion pourrait rapporter 1,5 milliard d’euros, tandis que des augmentations de la fiscalité sur la consommation d’électricité sont également prévues.
10. Collectivités locales
Les collectivités locales participeront au redressement budgétaire à hauteur de 5 milliards d’euros, avec des réductions de leurs recettes via divers mécanismes.
Le budget 2025 de la France s’annonce donc comme un exercice d’austérité, impactant largement l’ensemble des citoyens.