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Le projet de loi de finances 2025 du gouvernement Barnier annonce des dépenses de fonctionnement de l’État, mais l’exécutif semble limité dans son poids politique et son temps pour que les mesures d’économies envisagées changent réellement la tendance des dérives budgétaires.
Des économies ambitieuses
« 60 milliards d’euros d’économies ! ». Ce chiffre, qui accompagne le projet de loi de finances 2025, est répété pour maintenir la crédibilité budgétaire de la France. Ce n’est cependant pas la première fois que ce montant est avancé. En février 2017, Emmanuel Macron s’engageait déjà à réaliser ces économies durant son premier mandat, se concentrant alors principalement sur la masse salariale des agents de l’État.
À l’époque, cette masse salariale s’élevait à 85 milliards d’euros. Aujourd’hui, elle avoisine les 234 milliards, d’après Fipeco. Macron avait également prévu de réduire les dotations aux collectivités locales.
Un effort contesté
Sept ans plus tard, le gouvernement Barnier affiche un objectif similaire, mais les perspectives semblent différentes. Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a remis en question l’annonce de Bercy, qui prévoit 40 milliards d’économies et 20 milliards d’euros de hausses d’impôts. Le HCFP estime que 70% de ces efforts pourraient en réalité provenir d’augmentations fiscales.
Avec un déficit qui pourrait atteindre 7% du PIB, l’objectif du gouvernement est de le ramener à 5% d’ici l’année prochaine. Mais quelles sont les alternatives à une réduction des dépenses sociales et des subventions ?
Les agences de l’État ciblées
Sur les 40 milliards d’euros de coupes, une grande partie devrait viser le fonctionnement de l’État. Les ministres de l’Économie et du Budget affirment que « l’État et ses opérateurs montreront l’exemple », avec 21,5 milliards d’euros d’économies à réaliser.
Ce montant inclut 15 milliards d’euros pour la modération des dépenses par lettres plafonds, 5 milliards d’euros via des amendements pour les ministères, et 1,5 milliard d’euros pour optimiser la gestion des opérateurs de l’État.
Actuellement, il existe 438 opérateurs publics, ce qui représente un coût total de 76,6 milliards d’euros financés par l’État, une situation dénoncée par l’association Contribuables Associés.
De l’ambition mais peu de moyens
D’après Bercy, environ 2.200 postes seront supprimés dans les ministères et opérateurs de l’État, mais des hausses d’effectifs sont également prévues pour renforcer la sécurité. Une revue d’efficacité des dépenses devrait être mise en place, mais les approches semblent plus incitatives que contraignantes.
Des regroupements de services sont envisagés pour améliorer l’administration, mais cette politique nécessite du temps et une majorité à l’Assemblée, selon René Dosière, ancien député.
Des préoccupations sur les dépenses de l’Élysée
Concernant les dépenses de l’Élysée, elles ont considérablement augmenté, atteignant 21 millions d’euros en 2023. La dotation à la présidence de la République devrait encore croître de 3 millions d’euros en 2025, ce qui soulève des questions sur l’engagement à réduire le train de vie de l’État.
Au final, malgré les efforts annoncés, les dépenses de l’État et de ses opérateurs pourraient seulement diminuer de 1,1% en volume. Cela ne correspond pas à une véritable cure d’austérité, selon le ministre de l’Économie.
Sentiment public et attentes
Une majorité de Français, près de 70%, estime que la réduction du train de vie de l’État est la principale solution pour diminuer la dette publique. Ce sentiment se renforce face à l’appel du Medef pour réduire l’administration, jugée trop coûteuse. Les réformes nécessaires semblent donc encore loin d’être mises en œuvre, malgré les attentes croissantes de la population.