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Conflit pétrolier entre Bagdad et Erbil : Crise redynamisée en Irak
La crise des paiements dus aux entreprises pétrolières dans la région du Kurdistan irakien refait surface après l’incapacité du Parlement à adopter l’article 12 des modifications de la loi budgétaire fédérale, concernant les droits de ces entreprises. Cela a entraîné une guerre de communiqués et des accusations réciproques, ravivant un ancien conflit entre le gouvernement central à Bagdad et le gouvernement d’Erbil.
Contenu de l’article 12 de la loi budgétaire irakienne
Dans le budget tripartite voté par le Parlement le 12 juin 2023, l’article 12 stipule que les entreprises pétrolières opérant dans la région du Kurdistan doivent recevoir 6 dollars par baril extrait, un montant qui a été rejeté par les entreprises étrangères en activité dans la région.
Ces entreprises estiment qu’une évaluation des coûts de production identiques entre le baril de pétrole du Kurdistan et celui du sud de l’Irak est impossible, en raison des conditions géographiques difficiles dans lesquelles se trouvent les champs pétroliers du Kurdistan.
Modifications proposées
Le 5 novembre 2024, le gouvernement fédéral a proposé de modifier l’article 12, section 2, comme suit :
- Compensation du ministère des Finances du Kurdistan pour les coûts de production et de transport des quantités de pétrole produites dans la région, récupérées par la société de commercialisation du pétrole (SOMO) ou le ministère fédéral du pétrole.
- Évaluation des coûts de production et de transport par un consultant technique international spécialisé, dans un délai de 60 jours.
- Le consultant soumettra les coûts estimés aux ministères des Finances et du Pétrole fédéraux ainsi qu’au gouvernement du Kurdistan, qui recevra les paiements du ministère des Finances fédéral.
- Livraison immédiate du pétrole produit au Kurdistan à SOMO, avec compensation des coûts initialement par le ministère des Finances fédéral à hauteur de 16 dollars par baril.
Réactions et accusations
Le 23 janvier, le porte-parole du gouvernement du Kurdistan, Peshawa Hawrami, a accusé le gouvernement fédéral de soumettre une nouvelle proposition budgétaire au Parlement, sans consultation préalable avec le gouvernement régional. En réponse, le gouvernement irakien a affirmé son engagement à respecter les modifications proposées et a demandé leur adoption.
Fadi al-Shammari, conseiller politique du Premier ministre, a souligné la volonté de Bagdad de respecter la constitution et les lois en vigueur, en cherchant à résoudre les désaccords avec le Kurdistan par le dialogue.
Modifications essentielles et enjeux économiques
La députée Mohasen Hamadoun a confirmé que des modifications importantes avaient été apportées à l’article 12, notamment un montant de 16 dollars par baril pour compenser les coûts de production. Cependant, certaines factions parlementaires se sont opposées à ce montant, demandant pourquoi il était réservé au Kurdistan.
Il est prévu qu’une nouvelle méthode d’exportation du pétrole du Kurdistan soit décidée prochainement, avec un consensus sur la plupart des clauses de l’article 12.
Conséquences du conflit
Le membre de la Commission des Finances, Jamal Kuger, a souligné que l’article 12 est crucial pour résoudre les problèmes de coûts de production et de transport, qui avaient conduit à l’arrêt des exportations de pétrole du Kurdistan via SOMO.
Il a noté que le vote sur cet article pourrait permettre aux entreprises du Kurdistan de se conformer aux coûts de production de Bagdad et ouvrir une nouvelle voie d’exportation vers la Turquie.
Impact économique significatif
L’économiste Kovend Shirwani a déclaré que l’arrêt des exportations de pétrole du Kurdistan, qui dépassait 400 000 barils par jour depuis mars 2023, avait causé des pertes estimées entre 19 et 20 milliards de dollars pour l’économie irakienne. Les entreprises de production et de transport dans la région ont également subi des pertes considérables.
Cette situation a entraîné des déficits dans le budget du Kurdistan, limitant les fonds envoyés par le gouvernement fédéral, qui ne couvre plus que les salaires.