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Le déficit public de la France face à un enjeu historique
Publié le 27/09/2024 à 16:48, Mis à jour le 27/09/2024 à 17:02
Le budget du gouvernement Barnier est toujours en attente, tandis que la dette française a été évaluée à 112 % du PIB par l’Insee. Lors d’une audition devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, le nouveau ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a révélé que « la situation de nos finances publiques est grave », et a prédit que le déficit public pourrait dépasser les 6 % du PIB en 2024, au lieu des 5,1 % initialement anticipés.
Un contexte alarmant pour les finances publiques
Cette affirmation s’aligne avec celle d’Antoine Armand, le ministre de l’économie, qui avait précédemment qualifié le déficit de « l’un des pires de notre histoire » sur France Inter. Un taux prévu de 6 % serait déjà bien au-dessus de la limite théorique de 3 % fixée par le traité de Maastricht, sans toutefois être le pire niveau historique enregistré par la France. Si, durant les Trente Glorieuses, le pays avait réussi à maintenir un déficit public limité, les chocs pétroliers ont marqué un tournant décisif, faisant du déficit public un problème majeur.
Retour sur les périodes marquantes du déficit public en France
1993 : la crise du système monétaire européen (6,4 %)
Au début des années 1990, la crise du système monétaire européen (SME), qui imposait des marges de fluctuation strictes entre les devises européennes, a précipité la France dans une période difficile. En 1992, la ratification du traité de Maastricht a suscité des tensions qui ont conduit à une forte spéculation contre certaines monnaies, y compris le franc français. Pour défendre la parité de la devise, la Banque de France a dû augmenter ses taux d’intérêt, entraînant une récession significative. Cette hausse des taux a freiné tant l’investissement que la consommation, provoquant une chute des recettes fiscales et amplifiant ainsi le déficit, qui a atteint 6,4 % du PIB.
La France n’a pu réduire ce déficit qu’en adoptant une politique de rigueur budgétaire accompagnée de réformes, notamment dans le domaine de la Sécurité sociale. La reprise économique de la fin des années 1990 a également joué un rôle important, permettant au déficit de repasser sous la barre des 3 % en 1998.
2009 et 2010 : la crise des subprimes (7,4 % et 7,1 %)
La crise des subprimes a eu un impact dévastateur sur les finances publiques françaises. L’octroi massif de prêts immobiliers à risque a contribué à l’éclatement d’une bulle spéculative, avec des taux d’intérêt qui ont grimpé en flèche et des prix immobiliers qui se sont effondrés. Cette situation a réduit la croissance économique et provoqué une hausse du chômage, entraînant une diminution des recettes fiscales pour l’État, tandis que les dépenses sociales, notamment pour le chômage, augmentaient considérablement.
Pour contrecarrer cette crise, l’État a injecté des milliards d’euros pour soutenir les banques et les entreprises, augmentant ainsi le déficit public à des niveaux records de 7,4 % en 2009 et 7,1 % en 2010.
2020 et 2021 : la crise du Covid (8,9 % et 6,6 %)
Les années 2010 avaient été marquées par une réduction progressive du déficit, mais la crise du Covid a brutalement inversé cette tendance. Face à la pandémie, le gouvernement a mis en place des mesures exceptionnelles telles que le chômage partiel et des aides directes aux entreprises, creusant significativement le déficit public. En 2020, celui-ci a atteint des sommets à 8,9 % du PIB, le taux le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ces évolutions illustrent la fragilité des finances publiques françaises et soulignent les défis auxquels le gouvernement devra faire face dans les années à venir.