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Un Français sur trois prêt à demander une avance sur salaire
Les demandes d’acomptes en constante augmentation illustrent les nouvelles tendances économiques en France. En effet, l’inflation et la perte de pouvoir d’achat des salariés ont modifié les habitudes liées à la paie traditionnelle mensuelle. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?
Le concept du salaire à la demande
La possibilité d’accéder à une partie de son salaire avant la fin du mois, communément appelée « salaire à la demande » ou « on-demand pay », commence à prendre de l’ampleur. Bien que ce système ait été largement adopté dans certains pays, il reste encore peu développé en France. Selon une étude récente, 31 % des salariés envisagent de demander une avance sur salaire pour financer leurs vacances, tandis qu’une responsable paie a rapporté une multiplication par dix des demandes d’acompte dans son entreprise depuis le début de l’année 2024.
Comprendre l’acompte et l’avance sur salaire
Définitions et différences
L’acompte sur salaire constitue une avance partielle accordée par un employeur pour des jours déjà travaillés. En revanche, l’avance sur salaire permet au salarié de percevoir une rémunération pour des jours à venir. Ainsi, l’acompte est lié à un travail déjà réalisé alors que l’avance concerne un travail qui n’a pas encore été effectué.
Les motifs de ces demandes sont souvent liés à des dépenses imprévues, comme des frais médicaux ou des réparations urgentes. En permettant de débloquer rapidement des fonds, ces dispositifs aident les salariés à éviter de recourir à des crédits à court terme.
L’encadrement juridique des avances sur salaire en France
Le cadre légal
En France, l’acompte et l’avance sur salaire sont réglementés par le Code du travail. L’article L3242-1 précise que tout salarié, qu’il soit en CDD ou CDI, a le droit de demander un acompte équivalent à au moins la moitié de son salaire mensuel pour les jours travaillés durant la première quinzaine du mois. Ce dispositif est soumis à certaines conditions : la demande doit être explicite, l’acompte est limité à un par mois, et l’employeur est tenu de l’accorder.
Quant à l’avance sur salaire, bien qu’elle ne bénéficie pas d’un encadrement spécifique dans le Code du travail, elle doit respecter les principes généraux du droit des contrats. Les parties doivent se mettre d’accord par écrit sur le montant et les modalités de remboursement, qui se fera par prélèvement sur les salaires futurs.
Comment faire une demande d’acompte ou d’avance sur salaire ?
Pour solliciter un acompte ou une avance sur salaire, le salarié doit formaliser sa demande par écrit. Si la loi n’impose pas de procédure spécifique, certaines entreprises peuvent avoir établi des règles ou formulaires internes. De plus, les conventions collectives peuvent également offrir des conditions plus avantageuses. Il est donc conseillé de consulter la convention collective applicable ou de se renseigner sur les pratiques de l’entreprise pour connaître ses droits.
Vers une adoption généralisée du salaire à la demande ?
Actuellement, le paiement mensuel reste la norme en France, mais plusieurs facteurs pourraient favoriser le développement du salaire à la demande. L’inflation a entraîné une hausse des demandes d’acomptes, incitant de nombreux employés à rechercher plus de flexibilité dans l’accès à leur rémunération. Cela pourrait leur permettre de mieux gérer leurs finances sans recourir à des découverts bancaires ou des crédits à la consommation.
De plus, des avancées technologiques facilitent l’implémentation de ce système. Certaines start-ups, telles que Rosaly ou Wagestream, proposent déjà des applications permettant aux salariés d’accéder instantanément à une partie de leur salaire en partenariat avec des entreprises. En matière de ressources humaines, le salaire à la demande pourrait également représenter un atout pour fidéliser les employés dans des secteurs où le recrutement est difficile.
Le salaire à la demande à l’étranger
Aux États-Unis, de nombreuses entreprises, dont Walmart et McDonald’s, ont adopté le système du salaire à la demande. Ce modèle a prospéré grâce à une réglementation du marché du travail beaucoup plus flexible. Des plateformes comme Earnin et DailyPay permettent aux travailleurs d’accéder à leur salaire quotidiennement, ce qui est très populaire dans les secteurs à bas salaires.
Au Royaume-Uni, bien que le paiement mensuel demeure la norme, la notion de flexibilité commence à s’installer, notamment dans les secteurs à forte rotation. En Espagne, des solutions comme Payflow apparaissent progressivement, tandis que d’autres pays européens explorent ce concept, sans qu’il ne soit encore généralisé.