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La crise financière palestinienne face à l'agression israélienne : le défi des chèques impayés et des salaires différés
Face à l'offensive israélienne sur la bande de Gaza suite aux attaques du 7 octobre, et parallèlement au conflit militaire, les mesures économiques et sur le terrain prises par l'occupant sous forme de sanctions et de restrictions ont exacerbé la difficulté des conditions de vie des Palestiniens.
Cela s'est notamment manifesté par le licenciement des travailleurs de Cisjordanie et l'interdiction de leur entrée en Entité sioniste ou dans les colonies de Cisjordanie, des retenues sur les revenus de compensation de l'Autorité palestinienne et des restrictions sur la circulation et le transport entre les gouvernorats de Cisjordanie, résultant en des conséquences immédiates et directes sur l'économie palestinienne et leurs conditions de vie.
Cet article examine comment l'Autorité palestinienne, représentée par le ministère des Finances et l'Autorité monétaire, a géré ces défis pour aider les citoyens et atténuer le fardeau financier causé par le conflit.
La fragilité de l'économie palestinienne
Pour des raisons politiques principalement liées à l'occupation, l'économie palestinienne et son système bancaire souffrent de problèmes structurels qui la rendent particulièrement vulnérable aux perturbations résultant de changements politiques, économiques ou sanitaires, en plus des aspects militaires.
Ne pas avoir sa propre monnaie, la capacité de fixer de manière indépendante les taux d'intérêt, le contrôle des ressources naturelles et des frontières ainsi que sur une part importante des ressources fiscales (les revenus de compensation collectés par l'occupant) sont autant de limitations qui contraignent les décideurs économiques palestiniens dans leurs politiques et capacités d'action.
Malgré ces contraintes, il existe une marge de manœuvre pour adopter des mesures et politiques visant à développer et améliorer la structure de l'économie palestinienne et à atténuer les différentes crises en se préparant à l'avance, en mettant l'accent sur les secteurs productifs et en soutenant leur part dans l'économie, ainsi que par la création de fonds de soutien et de couverture préalablement établis.
La crise des chèques sans provision
Avec le début de l'opération "Inondation de l'Al-Aqsa", les effets directs de l'agression sur l'économie palestinienne et ses transactions financières sont apparus. Résultat : environ 200 000 travailleurs sont devenus temporairement sans emploi après avoir été interdits d'accès à leurs emplois dans les territoires occupés, coupant ainsi la source unique de revenus pour eux et leurs familles.
Le nombre de chèques sans provision a commencé à augmenter, avec une valeur des chèques rejetés le premier mois de la guerre augmentant de 49% par rapport au même mois de l'année précédente. Le taux de chèques sans provision du nombre total de chèques pendant les 45 premiers jours de la guerre était de 22%, contre 9% le mois précédant le conflit.
Il est important de savoir que rendre les chèques ou s'arrêter de payer les prêts et de tenter de reporter ces obligations est un comportement de sauvegarde typique que les gens adoptent en réponse à toute crise.
Les mesures de l'Autorité
Comme lors de la crise du Covid-19, l'Autorité palestinienne, par le biais du ministère des Finances et de l'Autorité monétaire, a pris des dispositions avec les banques pour reporter ou rééchelonner les prêts dus sur les salaires des fonctionnaires, tout en offrant la possibilité d'obtenir des avances ou des financements limités pour couvrir les engagements et les paiements de prêts.
Bien sûr, cela entraîne des intérêts supplémentaires pour les employés, ce qui pourrait exercer des pressions économiques supplémentaires à moyen et long terme si la crise persiste.
L'Autorité monétaire palestinienne a également annoncé la création du fonds "Sustainability Plus" d'une valeur de 500 millions de shekels, un fonds d'urgence pour fournir des facilités à faible taux d'intérêt aux petites et moyennes entreprises affectées par la crise actuelle et le ralentissement économique et financier, leur permettant de couvrir leurs besoins urgents et de continuer à fonctionner.
Un débat nécessaire
À l'ère des crises, l'accent est souvent mis sur les mesures d'urgence et les démarches exceptionnelles, surtout lorsque les plans et mesures traditionnels sont inflexibles et ne prennent pas en compte la gestion des crises attendues.
Cette situation conduit à un débat sur les mesures prises par l'Autorité palestinienne comme étant peut-être seulement des mesures palliatives, sans faire partie d'une planification et de mesures durables à long terme pour fournir un soutien et une protection à ces entreprises opérant dans un environnement extrêmement difficile imposé par l'occupation.
Ainsi, la gestion des chèques sans provision récurrents ne remet pas en question la structure juridique et les procédures judiciaires existantes pour les résoudre, ni les politiques et réglementations bancaires sur l'émission de chèques.
Les propositions des économistes et des chercheurs palestiniens au cours des deux dernières décennies sur la modification des politiques financières et économiques de l'Autorité prennent en compte le fait que l'occupation demeurera un défi causant un déséquilibre structurel dans l'économie palestinienne. Cependant, il est possible de développer des politiques et des mesures dans ce contexte difficile pour renforcer la résilience et la stabilité financière et économique des Palestiniens, qui ne sont toujours pas mises en œuvre sur le terrain.