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Darfour, la guerre a transformé la vie des habitants.
La vie de Zineb Adam a radicalement changé et n’est plus stable et sereine depuis que les affrontements ont éclaté à Nyala, capitale du sud du Darfour, où elle réside avec sa famille. Face aux combats qui ont atteint son quartier, elle a décidé de fuir sa maison avec ses enfants, laissant son mari Abdelaziz avec 3 proches pour protéger le domicile du pillage et du vol.
Malheureusement, une bombe est tombée sur la maison, tuant son mari et les autres proches, incapables de s’échapper assez rapidement pour rester en vie.
Après ce drame, Zineb, dans la quarantaine, est arrivée dans un centre d’hébergement pour les déplacés au sud d’El Fasher, en quête de sécurité et de protection. Cependant, elle se retrouve à vivre dans des conditions extrêmement difficiles et complexes, le centre étant dépourvu des nécessités de base de la vie quotidienne, telles que l’eau potable, la nourriture adéquate et les soins de santé.
Zineb déclare à Al Jazeera Net : « Je menais une vie stable et paisible avec ma famille avant le début de la guerre, mais soudainement, notre quotidien a changé pour toujours. La guerre a provoqué le déplacement de milliers de personnes, nous obligeant à vivre en tant que déplacés. »
Elle ajoute : « La lutte pour la survie est devenue notre priorité absolue. Nous devons nous préparer à affronter les défis quotidiens, comme se procurer de la nourriture et un abri. »
« La guerre de la pauvreté »
Depuis le début de la guerre au Soudan, les combats violents persistent entre l’armée et les Forces de soutien rapide dans différentes villes du pays, causant la mort de milliers de victimes et le déplacement de millions d’habitants.
Ce conflit au Soudan est l’un des plus destructeurs et durables, avec des effets négatifs profonds sur les individus et les communautés de la région. La vie sociale, économique et culturelle au Darfour a subi des changements radicaux, impactant grandement les familles et les individus qui ont perdu des proches, vu leurs opportunités éducatives compromises, et les chances économiques disparues, rendant la vie quotidienne remplie de peur, de tension et d’insécurité.
Le conseiller politique du gouvernement de la région du Darfour, le Dr Abdelwahab Hemmat, affirme que « la guerre au Soudan a entraîné l’appauvrissement de la population de manière générale, et du Darfour en particulier ». Il souligne dans son entretien avec Al Jazeera Net que « la guerre a transformé les citoyens en déplacés et réfugiés, augmentant les cas de famine et de peur ».
Il indique que la poursuite des combats dans des villes importantes comme Nyala, la deuxième plus grande ville en termes d’activité économique, avec 37 succursales de différentes banques, l’a transformée en une ville fantôme après la fuite de ses habitants.
Il mentionne la propagation des épidémies et des maladies graves à Geneina, avec des cas suspects de choléra dans certaines zones menaçant la vie de milliers de personnes privées de traitement, vivant sous les arbres ou dans des tentes délabrées.
Certaines écoles et institutions gouvernementales accueillent plus de 300 familles parfois, et les habitants craignent une attaque à tout moment. Hemmat souligne que « les combats violents se déroulent sous les yeux des enfants, impactant négativement leur psyché en voyant le sang couler autour d’eux ».
Il ajoute que « la vie sociale et sanitaire se détériore au plus bas niveau, et il est surprenant que la plupart des organisations humanitaires gardent le silence, malgré leur connaissance de tous les détails sur ce qui se passe au Darfour ».
Un déclin généralisé
Le directeur du Centre de vie consultant pour la réhabilitation sociale au Darfour, le Dr Mohammed Saleh Hamid, affirme que « la guerre au Darfour a des effets évidents sur la vie des habitants, modifiant radicalement leur mode de vie quotidien ».
Il explique dans son interview avec Al Jazeera Net que cet impact concerne les aspects sociaux, économiques et culturels. Il dit que « le conflit a entraîné la désintégration de certaines familles, avec la dispersion des membres et des ruptures, et que la violence et les perturbations de sécurité continuelles ont affecté la cohabitation sociale, aggravant les tensions et les conflits internes ».
En ce qui concerne l’aspect économique, Hamid explique que « le conflit a détruit les infrastructures et les installations vitales, comme les écoles, les hôpitaux et les fermes, entraînant une détérioration des conditions de vie, une augmentation de la pauvreté et du chômage. Les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et du commerce ont été fortement touchés, affaiblissant l’économie locale et entraînant un déclin de la production, en plus de l’impact culturel que le conflit a laissé au Darfour, dénaturant l’identité culturelle et cassant les liens sociaux ».
Le déplacement des habitants
La guerre a entraîné le déplacement de millions de personnes au Darfour, beaucoup étant contraints de fuir leurs foyers à la recherche d’un refuge sûr dans des camps de déplacés ou d’autres villes plus sûres, entraînant la perte de maisons, de biens et la dispersion des familles.
Fatima Suleiman, femme au foyer de Zalingi au centre du Darfour, raconte la dégradation de sa vie quotidienne et l’impact de la guerre sur la vie des habitants, déclarant à Al Jazeera Net « le conflit actuel a transformé les habitants en une quête constante et continue des besoins vitaux de la vie ».
Elle exprime avec tristesse leur perte de tout, ayant perdu 5 membres de sa famille lors des affrontements. Elle dit que « le pays est devenu vide et délabré, incitant les gens à envisager de le quitter car il n’y a plus d’avenir prometteur qui justifie de rester. Leur vie avant le déclenchement de la guerre était sûre et stable, mais aujourd’hui, ils vivent un enfer indescriptible ».
De son côté, Iman Adam déclare « malgré l’épreuve que nous traversons, nous souffrons quotidiennement de la peur constante qui nous enlève la sécurité et la tranquillité ». Elle ajoute que de nombreuses personnes vivent actuellement dans un état de tension et d’anxiété permanents en raison des combats renouvelés de temps en temps.
Selon Iman, « le pays fait face à une grave pénurie de services essentiels tels que l’eau, l’électricité et la nourriture, et la coupure continue de ces services aggrave notre souffrance et impacte négativement la qualité de notre vie quotidienne. De plus, les combats continus entraînent le déplacement de nombreuses familles et la destruction des infrastructures, aggravant le fardeau des déplacés et aggravant considérablement les problèmes économiques ».
