Sommaire
Le Forum économique mondial (WEF) de Davos s’annonce cette année sous une forte charge politique. Il débute ce lundi, le même jour où Donald Trump sera investi en tant que 47e président des États-Unis et prononcera son premier discours programmatique. Selon le «Wall Street Journal», Trump est prêt à agir immédiatement, avec une centaine d’ordres exécutifs déjà préparés sur des thèmes tels que la «migration» et les «droits de douane».
Les thématiques majeures du WEF
Les politiques économiques et de sécurité de Trump seront au centre des discussions à Davos. Bien qu’il soit un fervent supporter du WEF, ayant assisté à deux éditions pendant son mandat, cette année, il ne pourra participer qu’à distance par le biais d’une vidéo prévue pour jeudi après-midi. D’autres enjeux, tels que le conflit en Ukraine, la crise au Moyen-Orient, ainsi que l’intelligence artificielle et la durabilité, occuperont aussi une place importante à l’agenda. Toutefois, la discussion se concentrera principalement sur la manière dont l’Europe pourra rattraper sa faiblesse de croissance face aux États-Unis.
Les États-Unis en pleine euphorie, l’Europe en difficulté
Les dirigeants d’entreprise rapportent une atmosphère euphorique à New York. Un cadre supérieur suisse de l’industrie financière a déclaré : «Tous sont extrêmement optimistes, je ne suis pas sûr que toutes ces grandes attentes seront satisfaites». En revanche, l’Europe est perçue comme le «patient malade», paralysée par les situations économiques en France et en Allemagne.
Les PDG européens soutiennent l’agenda pro-business de Trump, qui inclut des réductions d’impôts et une déréglementation. Cependant, ses projets de droits de douane suscitent des inquiétudes. Trump a annoncé des droits de 60 % sur les importations en provenance de Chine et de 10 à 20 % pour d’autres pays, comme la Suisse et l’UE.
Les répercussions potentielles des droits de douane de Trump
Un PDG suisse a récemment déclaré qu’il n’est pas très inquiet : «Je ne crois pas à un grand coup de tarif, car ce sont les consommateurs américains qui paieront au final». Les élections présidentielles ont témoigné que la question de la baisse du pouvoir d’achat pendant le mandat de Joe Biden a été un facteur clé dans l’élection. Les droits de douane semblent être un levier pour Trump, visant à obtenir des concessions, comme l’augmentation des dépenses de défense des pays européens membres de l’OTAN.
Si l’on pousse la réflexion plus loin, ces droits de douane pourraient avoir des effets positifs. Par exemple, si la Chine, sous la menace de ces tarifs, réduit son soutien à la Russie concernant la guerre en Ukraine, cela pourrait être crucial pour envisager un cessez-le-feu, bien que cela reste hypothétique.
Des tensions croissantes autour des droits de douane
Les chefs d’État sont nerveux face à la menace de droits de douane. Un responsable industriel a rapporté qu’une réunion est prévue entre des représentants gouvernementaux de haut niveau et des industriels européens pour s’assurer qu’ils ne déplacent pas leur production vers les États-Unis.
Si Trump met en œuvre ses projets de droits de douane, cela pourrait conduire à un conflit commercial coûteux. L’UE devrait répondre par des mesures contre les entreprises technologiques américaines. La Suisse ne sera pas épargnée, car les calculs de l’institut KOF estiment que les droits de douane réduiraient la performance économique suisse de 0,2 % par an, soit environ 200 euros par habitant. En Allemagne, environ 300 000 emplois sont menacés.
Les discussions sur la croissance en Europe
Le mardi sera consacré aux Européens, avec des discours de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et de l’ancien chancelier allemand Olaf Scholz. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera également présent pour solliciter davantage de soutien pour son pays en guerre. Le vice-premier ministre chinois Ding Xuenxiang interviendra aussi, permettant à la Chine de réagir aux premières annonces de Trump.
Mercredi après-midi, une discussion sur la faiblesse chronique de la croissance en Europe réunira la présidente de la BCE, Christine Lagarde, et le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, aux côtés des dirigeants de L’Oréal et de Merck. McKinsey présentera un plan pour surmonter cette faiblesse, incluant des projets conjoints entre le secteur public et privé, notamment dans le domaine des ordinateurs quantiques.
Les défis des régulations européennes
Un aspect intéressant du plan de McKinsey propose de simplifier le cadre réglementaire européen, en créant un 28e système de règles applicable à tous les États membres de l’UE. Cela pourrait faciliter les affaires et l’expansion dans certaines industries.
Les statistiques sont préoccupantes : selon McKinsey, un employé américain génère en moyenne 46 000 dollars de plus par an qu’un employé de l’ancienne UE à 15 membres. Cette disparité est attribuée à un manque chronique d’investissements, avec les entreprises américaines investissant presque deux fois plus que leurs concurrents européens.
Les dirigeants de l’économie suisse, comme Sergio Ermotti, le PDG d’UBS, participeront également à des panels, discutant de la résilience du système financier. D’autres événements parallèles, organisés par des médias américains, aborderont des thèmes contemporains comme l’intelligence artificielle.
Les enjeux de l’année 2025
Jeudi à 17 heures, tous les regards seront tournés vers Donald Trump, dont les décisions pendant l’année 2025 pourraient façonner le paysage économique mondial.