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Élections en Iran : Impact sur la Politique Interne et Externe
La tendance conservatrice renforce son emprise sur le Parlement iranien et le Conseil des experts après les élections de la République islamique en ce début de mars, selon les résultats préliminaires annoncés par le ministère de l’Intérieur jusqu’à dimanche soir.
Alors que le dépouillement touche à sa fin en attendant l’annonce des résultats définitifs par le ministère de l’Intérieur, l’agence officielle IRNA a déclaré que le taux de participation était de 41 % à l’échelle du pays, enregistrant une baisse de plus de 1,5 % par rapport aux élections précédentes de 2020, le taux le plus bas de l’histoire de la République.
Participation Populaire
Salah Ghezouani, chercheur en sciences politiques, souligne le renforcement de la position des faucons conservateurs au sein du 12e Parlement, mettant en lumière le faible taux de voix obtenues par les gagnants par rapport aux précédentes élections, en raison du grand nombre de candidats, de la désertion de certains partis politiques et des campagnes de dénigrement menées par des médias étrangers.
Ghezouani attribue le mécontentement d’une partie des citoyens iraniens aux événements ayant suivi la mort de la jeune Mahsa Amini (22 ans) à l’automne 2022 après son arrestation par la « police de la moralité » à Téhéran pour non-respect du port de vêtements modestes, ainsi qu’à l’aggravation des conditions de vie depuis l’arrivée au pouvoir du président Ibrahim Raïssi en 2021.
Signification des Résultats
Majid Zavari, directeur de l’Institut des Relations Internationales, estime que la composition du nouveau Parlement aura un impact sur les politiques intérieures et extérieures. Il considère que le contrôle conservateur du Parlement est le résultat naturel de la concurrence interne entre les listes émanant de la maison conservatrice.
Zavari souligne le désintérêt des réformistes pour le vote en raison de l’éviction de la majorité de leurs candidats par le Conseil de protection de la Constitution, notant que les candidats réformistes et modérés ont échoué à captiver l’électeur iranien lors du dernier scrutin.
Politique Intérieure
Zavari pense que la politique visant à restaurer le contrôle conservateur sur le Parlement et le Conseil des experts, ainsi que leur soutien au gouvernement et au pouvoir judiciaire, représente un grand défi pour ces autorités. L’échec à améliorer les conditions de vie et les aspirations du peuple pourrait nuire à la participation populaire aux prochaines élections.
Il met en garde contre le risque que le Parlement du 12e législature n’arrive pas à surveiller la performance du gouvernement et à légiférer en fonction des demandes sociales et économiques du peuple, soulignant que l’attachement du pouvoir législatif à des questions sensibles telles que le voile et les augmentations d’impôts pourrait provoquer un mécontentement accru.
Politique Extérieure
Mohsen Jalilvand, professeur de relations internationales à l’Université de Téhéran, estime que l’impact du contrôle conservateur sur le Parlement restera limité sur la politique étrangère de Téhéran, car le Conseil suprême de sécurité nationale est chargé de définir la politique étrangère. Jalilvand prévoit que l’Iran accélérera sa politique visant à se tourner vers les puissances orientales telles que la Chine et la Russie.
Il pense que l’unification des pouvoirs renforcera le soutien de Téhéran aux mouvements de résistance alliés, ce qui pourrait augmenter les tensions dans la région. Jalilvand prévoit également une poursuite des tensions entre Téhéran et les capitales occidentales concernant le dossier nucléaire iranien dans les prochains mois.