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Gestion de la rivalité US-Chine par le nouveau gouvernement pakistanais
Le 3 mars, l’Assemblée nationale du Pakistan a élu Shehbaz Sharif du Pakistan Muslim League-Nawaz (PMLN) comme Premier ministre pour la deuxième fois, lui confiant la formation d’un nouveau gouvernement de coalition à la suite de l’une des élections les plus controversées de l’histoire du pays.
Pressions politiques internes
Le nouveau gouvernement devra faire face à une immense pression politique. Le parti Pakistan Tehreek-I-Insaf (PTI) de l’ancien Premier ministre Imran Khan, contraint de présenter ses candidats en tant qu’indépendants après avoir perdu son symbole électoral, est devenu le plus grand groupe à l’Assemblée nationale avec 93 sièges et devrait continuer de manifester son mécontentement au parlement et dans les rues. Pendant ce temps, le principal partenaire de coalition de la PMLN, le Parti du peuple pakistanais (PPP), a choisi de s’abstenir de prendre position au sein du gouvernement, laissant le Premier ministre Sharif et son parti seuls responsables des nombreux défis à venir.
Challenges de politique étrangère
Le plus grand défi auquel le nouveau gouvernement de Sharif sera confronté est de maintenir l’autonomie stratégique du Pakistan et d’équilibrer ses relations avec les États-Unis et la Chine dans un contexte de rivalité croissante entre ces deux pays.
Dans son discours d’investiture au parlement, Sharif a promis que le pays ne participerait à aucun grand jeu, sous-entendant que le Pakistan ne s’alignerait pas exclusivement avec les États-Unis ou la Chine dans leur friction constante. Néanmoins, concrétiser cette promesse s’avère difficile alors que l’espace pour équilibrer les relations avec ces deux puissances mondiales se réduit rapidement.
Relations Pakistan-États-Unis
Les relations bilatérales entre le Pakistan et les États-Unis sont en chute libre. Le soutien militaire et économique américain au Pakistan diminue rapidement, en particulier depuis le retrait américain de l’Afghanistan. Malgré la nature superficielle et apparemment transactionnelle des relations bilatérales, les États-Unis restent le plus grand marché d’exportation des biens pakistanais.
La désintérêt apparent de l’administration Biden pour les allégations d’irrégularités électorales au Pakistan témoigne de sa volonté de collaborer avec le nouveau gouvernement. Cependant, les relations entre le Pakistan et les États-Unis devraient rester au même niveau pendant un certain temps.
Relations Pakistan-Chine
L’aide de la Chine est cruciale pour sécuriser le prochain accord du FMI. Le Pakistan nécessite également un soutien financier immédiat de la Chine pour stabiliser son économie chancelante. De nombreux observateurs s’attendent à ce que Sharif effectue son premier voyage à l’étranger en Chine pendant son second mandat afin de renforcer les projets liés à l’initiative dirigée par la Chine.
Outre le soutien économique, le Pakistan dépend de l’assistance militaire chinoise pour répondre à ses besoins croissants en matière de défense. En tant que partenariat stratégique indo-américain continue de s’étendre, le Pakistan est prêt à approfondir ses liens de défense et de sécurité avec la Chine.
Équilibrer les relations avec les grandes puissances
Le défi pour le nouveau gouvernement pakistanais consiste à éviter de s’aligner sur la Chine au détriment de sa relation tout aussi importante avec les États-Unis. Maintenir un équilibre délicat entre les deux est impératif pour les intérêts diplomatiques et stratégiques du Pakistan.
La priorité de la politique étrangère d’Islamabad sera de jouer un jeu d’équilibre et de renforcer ses relations avec chaque puissance mondiale autant que possible sans en contrarier l’autre.
Conclusion
Le nouveau gouvernement pakistanais doit jongler avec la rivalité entre les États-Unis et la Chine pour obtenir un soutien économique crucial. Maîtriser l’art du compromis sera essentiel pour naviguer dans ces eaux diplomatiques tumultueuses et assurer la prospérité future du pays.