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Ces dernières semaines, l’immigration au Canada et au Québec a fait l’objet de nombreuses discussions en raison de plusieurs annonces et changements réglementaires. Voici un aperçu des principales modifications et de leur impact sur les programmes d’immigration.
Immigration permanente
Provincial
Le Programme régulier des travailleurs qualifiés est entièrement mis en pause depuis le 31 octobre et restera gelé jusqu’au 30 juin prochain. Ce programme, qui fonctionne sur la base d’un système de pointage (âge, niveau de scolarité, domaine d’emploi, etc.), est très compétitif. Une réforme introduisant le français comme critère éliminatoire devait être mise en œuvre fin novembre.
Ce programme a longtemps été la principale voie d’accès à l’immigration économique, et une part croissante d’immigrants temporaires l’utilisait pour obtenir la résidence permanente (environ 30 % en 2023). Durant les neuf premiers mois de 2024, 12 000 Camerounais ont reçu des invitations à présenter une demande, sur un total de 24 000 candidats. Face à une « diminution de la diversité de provenance », le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a imposé un quota de 25 % de demandes par pays.
Le Programme de l’expérience québécoise est également suspendu pour son volet « diplômés », mais reste ouvert pour les travailleurs temporaires. L’an dernier, le gouvernement Legault avait retiré le plafond pour les diplômés, estimant leur nombre à environ 6 500. En raison de la liste d’attente, la cible pour 2025 se situe entre 13 000 et 15 000, avec un maximum d’admissions atteignant 66 500 l’année prochaine, en prenant en compte les catégories hors cible.
Fédéral
Le gouvernement de Justin Trudeau a également revu à la baisse ses cibles d’immigration permanente. Au lieu de 500 000 nouveaux résidents comme prévu, le Canada accueillera 395 000 personnes en 2025, 380 000 en 2026 et enfin 365 000 en 2027. Malgré cette réduction, les objectifs fédéraux restent historiquement élevés.
Immigration temporaire
Provincial
Deux mesures principales ont été annoncées concernant l’immigration temporaire. Un projet de loi visant à encadrer le nombre d’étudiants étrangers au Québec a été déposé récemment, bien que les cibles n’aient pas encore été définies. En août, le premier ministre François Legault a instauré un moratoire de six mois sur l’embauche à bas salaire par le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) à Montréal, estimant une baisse de 3 000 à 4 000 travailleurs temporaires.
Il a également demandé à Ottawa d’augmenter la répartition des demandeurs d’asile dans d’autres provinces.
Fédéral
Une semaine après le moratoire du Québec, Ottawa a annoncé un gel du PTET, s’appliquant à toutes les régions métropolitaines affichant un taux de chômage supérieur à 6 %. À Québec, cela concerne Montréal (y compris Laval et Longueuil), Gatineau-Ottawa, ainsi que Trois-Rivières.
Le gouvernement fédéral a également fixé un plafond de 10 % pour toutes les professions, y compris celles bénéficiant d’un traitement simplifié. Cette limite s’applique à la proportion de travailleurs étrangers temporaires à bas salaire dans une entreprise, à l’exception de secteurs comme la construction, la santé, la transformation des aliments, ainsi que l’agriculture.
De plus, Ottawa a relevé de 20 % le taux horaire pour qu’un emploi soit classé dans la catégorie des « hauts salaires » au Québec.
Ces réformes s’ajoutent aux réglementations concernant les étudiants étrangers, dont un plafond par province n’est pas encore atteint au Québec. Moins de diplômés pourront également demander le permis de travail postdiplôme ou un permis pour leur conjoint.
Enfin, le gouvernement fédéral a pris des mesures pour réduire les arrivées de demandeurs d’asile, y compris la réinstauration du visa de tourisme pour la plupart des Mexicains et la fermeture du chemin Roxham en 2023.
Avec ces mesures, le gouvernement Trudeau vise à faire passer la proportion d’immigrants temporaires dans la population canadienne de près de 7 % à 5 %.