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Ce jeudi, le Tribunal de Justice de l’Union Européenne (TJUE) a ouvert la voie à la possibilité que certaines clauses relatives à l’Indice de Référence des Prêts Hypothécaires (IRPH) soient considérées comme abusives. Cette décision pourrait avoir des répercussions significatives pour de nombreux emprunteurs en Espagne.
Une décision attendue
Le tribunal a conclu que la simple reconnaissance du IRPH en tant qu’indice officiel par la Banque d’Espagne et sa publication dans le Bulletin Officiel de l’État ne garantissent pas sa validité. La détermination de son caractère abusif doit être faite au cas par cas par les tribunaux compétents, en s’assurant que le critère de transparence a été respecté.
Impact sur les emprunteurs
Cette décision redonne espoir à plus d’un million de ménages dont les prêts sont indexés à l’IRPH, souvent moins avantageux que d’autres indices comme l’euribor. Les affaires liées à l’IRPH avaient été suspendues pendant un an et demi, attendant cette clarification du TJUE, et le Tribunal Suprême espagnol devrait maintenant reprendre ces dossiers.
Réactions des consommateurs et des experts
Les associations de consommateurs et les avocats spécialisés ont salué ce jugement, le qualifiant de victoire pour les emprunteurs. Selon Arriaga Associés, « le TJUE redonne de l’oxygène aux consommateurs avec des prêts IRPH, » en affirmant que la réglementation européenne permet de déclarer la nullité de l’IRPH.
Quelles implications pour le Tribunal Suprême ?
Le futur du IRPH dépendra de la manière dont le Tribunal Suprême interprétera ce jugement. Bien que les experts s’accordent à dire que cette décision remet en question la doctrine antérieure, le Tribunal Suprême n’a pas modifié sa position depuis novembre 2020, lorsqu’il avait déclaré que l’IRPH n’était pas transparent mais pas automatiquement abusif.
Preuve d’abus et transparence
De nombreuses organisations pensent que la charge de la preuve incombe désormais aux banques, qui doivent démontrer qu’elles ont bien informé leurs clients. L’Association des Utilisateurs Financiers (Asufin) souligne qu’il est rare de trouver des documents prouvant que les consommateurs ont été informés des implications financières de la signature d’un contrat basé sur l’IRPH.
Critères d’abus
Un indicateur clair d’abus serait si l’entité financière n’informe pas le consommateur sur la composition de l’IRPH. En réalité, l’IRPH n’est pas un taux d’intérêt moyen sur le marché, mais une Taux Annuel Équivalent (TAE), ce qui le rend systématiquement plus élevé que d’autres indices.
Récupération des fonds
La récupération des fonds versés en trop ne sera possible que si l’on peut établir que le IRPH a été commercialisé sans transparence. Les associations de consommateurs jugent cette possibilité plus réaliste suite à la nouvelle décision du TJUE, mais le Tribunal Suprême reste l’autorité décisionnelle finale.
Montant en jeu
En 2013, alors que l’euribor chutait près de zéro, l’IRPH demeurait stable à 2%. Cela a entraîné une augmentation des mensualités des prêts affectés, variant de 200 à 300 euros par mois. La restitution moyenne estimée par client s’élèverait à environ 17 000 euros, totalisant potentiellement 17 milliards d’euros pour un million de prêts indexés à l’IRPH.