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Entité sioniste face à une schizophrénie depuis sa création, une démocratie en déclin

by Sara
Entité sioniste face à une schizophrénie depuis sa création, une démocratie en déclin

Entité sioniste face à une schizophrénie depuis sa création, une démocratie en déclin

Le titre de cet article provient d'un pamphlet publié en septembre de cette année 2023, quelques jours avant le "déluge de l'Al-Aqsa", par le journaliste français Charles Enderlin, un fin connaisseur des affaires israéliennes, où il a travaillé comme correspondant pour la chaîne française France 2 à Tel Aviv de 1981 à 2015. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur Entité sioniste et le conflit israélo-palestinien.

Sa vision, celle d'un observateur informé et empathique envers Entité sioniste, ne peut être qualifiée de partialité ou d'antisémitisme, bien que son empathie ne le détourne pas de l'objectivité. Selon lui, la démocratie israélienne n'est pas seulement menacée, elle est en train de mourir.

Entité sioniste se présente au monde occidental, et au monde en général, comme le refuge des Juifs qui ont souffert des discriminations et des atrocités les plus viles, et comme l'unique démocratie au Moyen-Orient.

Mais peut-on vraiment continuer de se réclamer du crédit moral gagné suite à l'Holocauste en Europe, notamment après les atrocités commises et perpétuées à Gaza?

Les principes ne sont pas négociables ni réductibles

La question est d'ordre éthique et doit être posée. Est-il tolérable qu'une victime d'injustice commette à son tour des violations effroyables, telles que des massacres, des destructions et des déplacements forcés, sans que personne ne les tienne pour comptables ni ne leur impose de limites? La morale et les lois ne sont pas un supermarché où l'on prend ce qui arrange et laisse de côté ce qui dérange suivant les circonstances.

Le philosophe français Emmanuel Levinas, figure importante dans l'étude des textes sacrés juifs et régulièrement cité par Enderlin, a exprimé cela après le massacre de Sabra et Shatila. Il a comparé l'utilisation de l'Holocauste pour affirmer que Dieu est toujours de notre côté à l'appel de guerre Gott mit uns, un chant de guerre suédois du XVIIe siècle signifiant "Dieu avec nous".

Questionnements sur la nature démocratique d'Entité sioniste

Cela fait maintenant un an que le gouvernement de droite dirige Entité sioniste, et la nature démocratique de cet état est remise en question. Selon Enderlin, le "capital démocratique" d'Entité sioniste est en pleine érosion, voire en phase d'agonie.

Ce glissement vers la droite n'est pas uniquement imputable au gouvernement de Benjamin Netanyahu. C'est un phénomène plus profond, inhérent à ce que Hannah Arendt appelait dès 1951 dans son ouvrage sur le totalitarisme, une "malédiction" liée à la naissance d'Entité sioniste, qui a créé des réfugiés et des personnes dénuées de droits et de patrie. Selon Arendt, fonder une solution à la question juive sur la création d'un État a conduit à l'émergence d'un "État d'apartheid".

Depuis sa création, Entité sioniste vit avec une schizophrénie idéologique, alliant laïcité et références religieuses. La croyance courante était que ce paradoxe était maîtrisable. Toutefois, la mouvance religieuse sioniste considère désormais les laïcs comme un "âne chargé de porter le messie", mais "l'âne" n'est plus en mesure de le faire car il est soumis à des règles internationales et à des idéologies laïques. Il est temps de réévaluer ce rapport. Il n'y a plus de convergence entre ce qui est israélien et ce qui est juif, menaçant la dimension juive de "l'électorat éclairé" qui distingue les Israéliens de valeurs juives éloignées.

La dérive droitière et religieuse de la politique israélienne

Cela devient évident depuis 2009, et plus particulièrement après le discours d'Obama à l'Université du Caire plaidant pour la création d'un État palestinien. Le gouvernement de Netanyahu a alors pris des mesures visant à restreindre le "libéralisme" israélien, avec des lois comme celle de la "Nakba" en 2011 qui empêche le financement d'organisations célébrant la catastrophe palestinienne de 1948.

Des pressions sont exercées sur les gouvernements européens finançant des organisations œuvrant pour les droits humains, tandis que des groupes comme "Im Tirzu", inspirés par Theodor Herzl, attaquent ceux qui remettent en question la légitimité du peuple juif en Palestine dans une forme de "maccarthysme".

Le forum Kohelet, une institution israélienne de droite non lucrative, a pour but de garantir l’avenir d’Entité sioniste en tant qu’État-nation juif, de renforcer la démocratie représentative et d'élargir les principes de liberté individuelle et de marché libre dans le pays. Le travail le plus important accompli par ce forum a été la rédaction du projet de loi "Entité sioniste, État-nation du peuple juif" par le juriste Aviad Bakshi, adopté par la Knesset en juillet 2018.

La politique de Netanyahu, en vigueur depuis le 28 décembre 2022, est considérée par le chercheur français comme un coup identitaire, équivalent à un coup d’État militaire, qui donne des responsabilités gouvernementales importantes à des sionistes religieux comme Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Il s'agit d'un glissement identitaire marqué également par la création d'agences gouvernementales pour l'identité nationale juive, dirigée par des extrémistes tels que Avi Maoz.

Selon Charles Enderlin, ce coup identitaire masque une maladie profonde, celle de l'occupation et de l'apartheid qu'elle génère. Le sentiment éthique qui motivait certains laïcs et gauchistes, désignés par le discours religieux comme "l'âne portant le messie", commence à se dissoudre.

Face à cette disharmonie croissante, un sentiment de désintégration éthique prévaut en Entité sioniste et au sein de ses institutions, y compris dans les communautés juives à l'étranger, prenant même une dimension missionnaire en Europe, à l'image des mouvements d'extrême-droite avec des figures comme Yoram Hazony.

Charles Enderlin se demande, alors, qui oserait encore prétendre qu'Entité sioniste est une démocratie et qui pourrait justifier un alignement éthique avec un État ayant perdu tout sens moral, même avant son agression brutale contre Gaza. Aujourd'hui, nous faisons face à une autre histoire.

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