Sommaire
La Cour des comptes critique l’hébergement des sans-abri en France
Dans un rapport publié ce mardi, la Cour des comptes met en lumière les insuffisances de l’État concernant sa politique d’hébergement des sans-abri. Parmi ses recommandations, l’institution appelle à une conversion plus fréquente des places d’hébergement d’urgence en places dans des établissements et services sociaux et médico-sociaux durables.
Des défaillances constatées
Selon la Cour des comptes, l’État ne s’acquitte pas « correctement » de sa mission en matière d’hébergement pour les personnes sans domicile. Ce rapport, publié le 1er octobre, souligne notamment le recours excessif à des subventions annuelles alors que « les flux continuent de s’intensifier ». La politique actuelle, qui englobe à la fois l’hébergement d’urgence et celui des demandeurs d’asile, a été conçue sur le modèle de la gestion d’urgences temporaires, alors que la réalité démontrerait une consolidation continue de ces flux.
Un système basé sur le subventionnement
Le mode de pilotage de l’État repose sur un usage important des subventions annuelles. Bien que ce système semble flexible en termes de dépenses, il ne permet pas de définir clairement les prestations attendues ni de contrôler leur exécution efficacement. Les sages de la rue Cambon soulignent également que l’État a eu recours à des pratiques de sous-évaluation et au gel des crédits, ce qui a engendré une insécurisation des partenaires associatifs.
Des recommandations pour améliorer la situation
La Cour des comptes recommande donc une conversion plus régulière des places d’hébergement d’urgence vers des solutions pérennes, tout en veillant à maîtriser les coûts associés. De plus, concernant les nuitées hôtelières, il est suggéré qu’elles soient intégrées dans le cadre de la commande publique lorsque celles-ci deviennent récurrentes. L’institution déplore aussi le manque de moyens consacrés au contrôle de la qualité et de la réalité des prestations fournies.
Les chiffres actuels de l’hébergement
En dix ans, les crédits de l’État dédiés à l’hébergement des sans-abri ont triplé, atteignant 3,2 milliards d’euros en 2023. Cela finance un parc d’hébergement qui a doublé, offrant aujourd’hui 334 000 places. Toutefois, malgré ces investissements, la situation reste préoccupante. Selon la Fondation Abbé Pierre, environ 330 000 personnes sont sans domicile fixe en France. Fin août, Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) ont rapporté que plus de 2 000 enfants se retrouvaient contraints de dormir dans la rue, faute de places d’hébergement d’urgence appropriées.