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La richesse historique et géographique du Bekaa au Liban
La province du Bekaa, également connue sous le nom de plaine du Bekaa, est l’une des régions orientales du Liban. Elle s’étend entre les chaînes de montagnes libanaises orientales et occidentales sur une superficie de 4 429 kilomètres carrés, et couvre une distance d’environ 180 kilomètres, englobant cinq grandes villes.
Cette région a été le témoin de civilisations successives, allant des temps préhistoriques jusqu’à l’époque moderne, et abrite des sites archéologiques anciens, dont certains datent de l’ère romaine.
Le Bekaa a été ciblé par des frappes israéliennes lors de la guerre de juillet 2006, ainsi que lors du conflit de 2023-2024, lorsque le Hezbollah a soutenu la résistance palestinienne dans la bande de Gaza.
Localisation géographique
La province du Bekaa est située sur la frontière avec la Syrie, s’étendant sur 180 kilomètres entre les chaînes de montagnes du Liban, à environ 64 kilomètres de la capitale Beyrouth. Le Bekaa se divise en deux bandes : nord et sud, comprenant les cinq grandes villes de Baalbek, Hermel, Rashaya, Zahle, et le Bekaa occidental.
Elle comprend également 251 municipalités.
Géographie
La plaine du Bekaa a émergé en raison des mouvements tectoniques ayant affecté les montagnes de l’Ouest de la Syrie. Son altitude varie entre 700 et 1 000 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Le sol du Bekaa est composé principalement de terres alluviales, transportées par les cours d’eau depuis les montagnes environnantes, et provient notamment des rivières l’Aasi et le Litani et ses affluents. La variété des sols inclut des régions à dominance brunâtre et d’autres semi-désertiques.
Les hautes montagnes libanaises limitent l’impact des conditions climatiques de la mer Méditerranée, où les températures estivales oscillent entre 20 et 27 degrés Celsius, tandis qu’elles atteignent en moyenne 15 degrés Celsius en hiver.
La plaine du Bekaa est riche en ressources hydriques, tant de surface que souterraines, avec de nombreuses sources jaillissantes, alimentant les rivières l’Aasi et le Litani, considérées comme les plus importantes du Liban.
Société et population
Les habitants du Bekaa sont d’origine arabe cananéenne et se distinguent par leur diversité religieuse et confessionnelle, incluant des sunnites, chiites, chrétiens et druzes. Les musulmans représentent environ 70 % de la population, avec une majorité chiite dans les régions de Baalbek et Hermel.
La région abrite plusieurs tribus, telles que les Jaafarites, les Zaïtrit et les Turkmènes. La langue arabe est prédominante, avec des dialectes libanais locaux.
Histoire
L’histoire humaine dans la plaine du Bekaa remonte à la période préhistorique, ayant vu défiler des civilisations pharaoniques, assyriennes, perses, grecques, romaines et byzantines. Plusieurs royaumes s’y sont établis, notamment le royaume de Souba, ainsi que Bet Rahob et Bet Maqqa.
Les Ottomans ont administré le Bekaa en le divisant en deux districts tout en faisant partie de la province de Syrie. Lors du mandat français sur la Syrie et le Liban, la France redessina les frontières, intégrant le Bekaa au Liban, une décision contestée par les autorités syriennes.
A partir de 1975, le Bekaa a été le théâtre de conflits persistants impliquant les forces syriennes, israéliennes et libanaises lors de la guerre civile libanaise, qui s’est prolongée pendant 15 ans.
Le Bekaa a également servi de refuge pour les Syriens fuyant le conflit après le début de la révolte syrienne en 2011, logés dans des camps soutenus par des organisations islamiques et étrangères.
En 2005, la Syrie a retiré ses troupes et ses agences de renseignement du Bekaa suite à l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri.
En 2006, de violentes attaques aériennes israéliennes ont frappé le Bekaa durant la guerre de Juillet. En septembre 2024, l’armée israélienne effectuait de nouvelles frappes dans la région à la suite de tensions avec le Hezbollah.
Économie
Le Bekaa est connu pour son agriculture florissante, bénéficiant de ressources naturelles diversifiées et de compétences humaines en matière d’agriculture irriguée. Parmi les principales cultures, on trouve le blé, les céréales, les légumes et les légumineuses, ainsi que des arbres fruitiers tels que les pommiers, les oliveraies, les figuiers et les noyers.
Les habitants élèvent des moutons, des chèvres, des vaches et des volailles pour la consommation locale et pour les marchés dans d’autres régions du Liban. La région a également vu un essor dans la production de produits laitiers, de sucre et de vin.
Le Bekaa constitue une voie de transit économique importante entre la Syrie et le Liban, avec des camions transitant entre Damas et Beyrouth, et a connu un développement du commerce informel après le déclenchement de la guerre civile libanaise.
Sites culturels et historiques
La région du Bekaa est riche en sites archéologiques remarquables, parmi lesquels :
Les temples de Baalbek
Les temples de Baalbek sont considérés comme l’un des plus beaux monuments historiques du Bekaa et représentent l’ultime témoin de la civilisation romaine ancienne. Leur construction est attribuée à l’empereur Caracalla, considérée par les Romains comme un lieu de culte pour leurs anciens dieux, notamment le dieu du ciel et de la foudre. Malgré les destructions causées par les guerres, les temples conservent des colonnes majestueuses ornées de sculptures anciennes.
Le Qamou’ (pyramide) d’Hermel
Le Qamou’ d’Hermel est un monument ancien unique en son genre, formé d’une pyramide conique située au sommet d’une colline surplombant la ville d’Hermel. Les légendes concernant sa construction varient, la plus courante étant qu’un empereur romain en est l’auteur. Le Qamou’ comporte trois étages, avec une sculpture d’un sanglier blessé, entouré par des chiens de chasse, et orné de colonnes ornées.
La mosquée omeyyade
La mosquée omeyyade de Baalbek est la plus grande de la ville. Elle a été construite sur les ruines d’une ancienne église byzantine, servant de lieu de prière pour les guerriers. Son architecture s’inspire des châteaux médiévaux, avec de grandes pierres et des murs élevés, et son intérieur est richement décoré de mosaïques.
La statue de la Vierge
La statue en bronze de la Vierge Marie se dresse au sommet d’une tour blanche à Zahle, mesurant 9 mètres de haut. Elle a été construite en 1965 sur demande des habitants de la ville et a subi de nombreux dégâts durant les conflits, nécessitant une importante restauration effectuée en 2004.
Les ruines d’Anjar
Les restes de la ville historique d’Anjar, bâtie par les Omeyyades, ajoutent au patrimoine culturel du Bekaa.
Le rocher de la Houla
Le rocher de la Houla à Baalbek est considéré comme le plus grand bloc de pierre sculpté au monde, pesant des milliers de tonnes. Son histoire remonte à la préhistoire, et les anciens croyaient en ses propriétés bénéfiques pour les femmes en difficulté pour concevoir.
Le château de Rashaya
Connue également sous le nom de château de l’indépendance, cette forteresse datant de l’époque des croisés s’étend sur 8 000 mètres carrés et a été construite pour surveiller les caravanes reliant le Liban aux autres régions du Levant.
Figures marquantes
Cheikh Khalil Mays
Cheikh Khalil Mays, homme de religion sunnite et ancien mufti de la province du Bekaa, né en 1941, a poursuivi ses études dans l’enseignement primaire puis à l’Université Al-Azhar en Égypte. Il est devenu membre du Conseil islamique suprême au Liban en 1975 et a ensuite été nommé mufti général de la province. En 1985, il a fondé l’institution de « l’Al-Azhar du Bekaa », la plus grande institution religieuse du Liban, offrant une éducation allant de l’école primaire à l’université. Cheikh Khalil Mays est décédé le 29 juillet 2021 à l’âge de 80 ans.