Sommaire
Début novembre, un pêcheur a réussi à filmer un requin blanc d’environ 4 mètres dans les eaux du parc national de Port-Cros. L’observatoire Elasmed, spécialisé dans l’étude des requins et raies de Méditerranée, a confirmé l’identité de ce poisson, un jeune requin blanc (Carcharodon carcharias), avec l’aide du Muséum d’histoire naturelle. François Sarano, plongeur expérimenté avec les grands blancs, s’est réjoui de cette observation, tout en rappelant les menaces qui pèsent sur cette espèce.
Un retour inattendu ?
La présence d’un requin blanc au large de Porquerolles peut sembler surprenante, mais François Sarano explique que ce phénomène n’est pas totalement nouveau. Bien que l’on observe majoritairement des requins blancs sur les côtes italiennes, espagnoles, tunisiennes, algériennes et marocaines, leur présence en France reste rare. Si la population de requins blancs était autrefois abondante, elle a fortement décliné dans les années 50 en raison de la pêche industrielle, qui a entraîné leur élimination accidentelle via les hameçons, filets et chaluts destinés à d’autres espèces, comme le thon.
Le rôle crucial de l’écosystème de Port-Cros
La réserve de Port-Cros, un véritable joyau de la Méditerranée, offre un environnement protégé où la nature a pu évoluer librement depuis soixante ans grâce à une pêche très encadrée. Cela favorise la présence de prédateurs comme le requin blanc. En revanche, les fonds marins en dehors des zones protégées ont été largement dévastés, prouvant l’importance d’un milieu protégé pour le retour d’espèces menacées.
Statut du requin blanc
Actuellement, le grand requin blanc est classé « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge européenne des espèces menacées, et « vulnérable » à l’échelle mondiale, selon l’Inventaire national du patrimoine naturel. Bien que protégé sur les côtes américaines et sud-africaines, il ne bénéficie d’aucune mesure de protection en Méditerranée. Les estimations actuelles indiquent qu’il ne resterait que quelques centaines d’individus en Méditerranée, et les scientifiques constatent qu’ils sont souvent retrouvés morts plutôt que vivants.
Importance du grand requin blanc dans l’écosystème
Le grand requin blanc est souvent considéré comme une espèce « rempart » de l’écosystème méditerranéen. Sa protection implique également la préservation de l’ensemble de l’écosystème dans lequel il évolue. Par exemple, la décomposition de ses proies, comme les thons ou les espadons, nourrit les grands fonds marins. Dans les zones où il est protégé, comme l’île de Guadalupe au Mexique, on observe une prolifération d’autres espèces marines. En étendant les réserves marines et en investissant dans leur protection, on pourrait espérer un retour des grands blancs et d’autres espèces marines, rendant ainsi les rencontres avec ces créatures majestueuses plus fréquentes.