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Après la violente agression antisémite dont a été victime Arié Engelberg, le rabbin d’Orléans, ce samedi 22 mars, alors qu’il sortait de la synagogue en présence de son fils, plusieurs questions continuent de se poser. Le suspect, un adolescent âgé de 16 ans, a été interpellé et placé en garde à vue. L’enquête précisera les circonstances de l’agression. Il semblerait que ce jeune homme soit connu sous au moins trois identités, une marocaine et deux palestiniennes, selon une source du dossier.
Une réalité alarmante depuis 2000
Cette agression s’ajoute aux nombreux actes antisémites comptabilisés depuis l’année 2000. Bien que l’antisémitisme ait redoublé de violence depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas, la France connaît une vague déferlante d’antisémitisme depuis plus de deux décennies. De 2000 à fin 2022, la France a enregistré 13 091 actes antisémites. En ajoutant les chiffres de 2023 (1 676) et 2024 (1 570), le total s’élève à 16 337 actes, ce qui démontre que l’antisémitisme est profondément ancré dans la société française.
Il est également à noter qu’une corrélation récurrente apparaît entre les pics d’actes antisémites et les périodes de tension au Moyen-Orient, particulièrement visible lors des événements marquants des années 2000, 2002, 2004, 2009, 2012, 2014, 2019, 2023 et 2024.
Antisémitisme dans les écoles
Dans les établissements scolaires, 400 actes antisémites ont été signalés durant l’année scolaire 2022-2023. Cependant, après l’attaque du Hamas, une forte augmentation a été observée. Entre décembre 2023 et mars 2024, 650 actes ont été signalés dans les écoles. Au premier trimestre 2024-2025, 477 actes ont été recensés par le ministère de l’Éducation nationale.
Une enquête de l’Ifop, publiée le 6 mars 2025 pour le Crif et la Fondation Jean-Jaurès, révèle que 51 % des élèves ont déjà entendu des commentaires négatifs sur les juifs, souvent de la part de camarades, mais aussi parfois de membres du personnel scolaire ou de leur famille. Un quart des adolescents considèrent certains clichés antisémites comme acceptables.
Radiographie de l’antisémitisme en France
Une enquête Ifop, en collaboration avec l’American Jewish Committee (AJC) et Fondapol, publiée en octobre 2024, fournit une vision claire de l’antisémitisme en France :
- 76 % des Français estiment que l’antisémitisme est une force importante dans le pays, une augmentation de 12 points par rapport à 2022.
- 57 % attribuent l’antisémitisme à la haine d’Israël, soulignant le lien entre les actions d’Israël et la perception des juifs.
- 70 % des Français de confession ou de culture juive ont été victimes d’actes antisémites.
- 35 % des moins de 25 ans estiment qu’il est justifié de s’en prendre aux juifs en raison de leur soutien supposé à Israël.
Des préjugés aux deux extrêmes
Le parti La France insoumise (LFI) est régulièrement accusé de tolérer des préjugés antisémites. Un sondage Ipsos publié en novembre 2024 révèle que 55 % des sympathisants de LFI adhèrent à au moins six préjugés antisémites. De l’autre côté, le Rassemblement National (RN) tente de se réinventer en adoptant une posture pro-Israël, bien que 52 % de ses sympathisants partagent également des préjugés antisémites.
Violence sans retenue
Ces chiffres alarmants soulèvent des questions cruciales sur la nature de l’antisémitisme en France. Faut-il parler d’un antisémitisme d’atmosphère, décomplexé, ou évoquer la judéophobie, une peur irrationnelle envers les juifs et le judaïsme ? L’agression contre le rabbin d’Orléans met en lumière la gravité et la brutalité de l’antisémitisme actuel, qualifié par certains d’ensauvagement antisémite, un terme qui évoque une violence débridée sans contraintes morales.