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Dans le quartier du Plateau à Montréal, Fabrice Mugabe passe le ballon au-delà d’un défenseur adverse à Jean-Philippe Duré, qui tire directement dans les gants du gardien. Ce dernier est un intervenant d’un refuge pour sans-abri où les deux hommes résident. Ce moment marquait leur première occasion de montrer leurs compétences à des recruteurs, dans le cadre d’une sélection pour représenter le Canada lors de la Coupe du Monde des sans-abri, qui se tiendra en août à Oslo, en Norvège.
Un retour sur le terrain
Après l’entraînement de mercredi, Mugabe, âgé de 35 ans, a déclaré se sentir « fatigué, épuisé, essoufflé mais surtout formidable car cela faisait longtemps que je n’étais pas sorti ». Il a ajouté : « Je puise dans quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps », savourant l’opportunité de représenter le Canada.
Une initiative au service des sans-abri
L’Association canadienne de soccer de rue, qui a organisé la séance d’entraînement, est une organisation à but non lucratif utilisant le sport pour aider les personnes en situation d’itinérance et d’exclusion sociale à se réintégrer dans la société. Elle a contacté les refuges de la ville pour inviter des personnes vulnérables à participer à ce sport.
Le parcours de Fabrice Mugabe
Après la pandémie de COVID-19, Mugabe a perdu son emploi dans un entrepôt ainsi que son logement. « J’ai traversé une période difficile comme tout le monde, et sans travail, je n’avais vraiment nulle part où aller », a-t-il confié. Grâce à l’aide de Maison du Père, un refuge pour hommes à Montréal, il a retrouvé un emploi et économise pour pouvoir déménager dans un appartement.
Les défis du programme
Bob Humphreys, directeur du programme au Québec pour l’Association canadienne de soccer de rue, a supervisé l’entraînement de mercredi. Originaire de Londres, il a expliqué que son groupe organise des matchs de soccer pour offrir aux sans-abri l’opportunité de créer des liens et de surmonter leurs difficultés. « Il s’agit de redonner le sourire et d’apporter une part de positivité », a-t-il déclaré.
Des participants motivés malgré les obstacles
Duré, 49 ans et sans-abri depuis 2021, a affirmé qu’il était venu pour montrer ses compétences sur le terrain. « Franchement, je me sens très bien », a-t-il déclaré après l’entraînement. « J’ai du talent au soccer et je veux prouver ma valeur. »
Recrutement et sélections
Hossam Khedr, directeur général de l’Association canadienne de soccer de rue, a indiqué que l’équipe sera composée de huit joueurs mixtes, hommes et femmes. Actuellement, le recrutement se fait au Québec, en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique, avec des projets d’expansion vers d’autres provinces canadiennes pour les futurs tournois de la Coupe du Monde des sans-abri.
Pour le tournoi d’août, chaque équipe sera composée de quatre joueurs — un gardien et trois joueurs de champ — sur un terrain plus petit que le terrain de soccer réglementaire de la FIFA.
Un témoignage inspirant
Ed Kiwanuka-Quinlan, directeur des opérations de l’association en Ontario, a partagé son expérience : le soccer lui a sauvé la vie lorsqu’il s’est retrouvé sans-abri il y a plus de dix ans. Après avoir perdu sa mère et affronté des traumatismes résultant de la guerre civile en Ouganda, il est tombé dans la dépression. « Chaque passe réussie et chaque but étaient l’occasion de célébrer, me redonnant espoir et énergie », a-t-il raconté.
Un avenir prometteur
La participation à cet événement international représente une chance unique pour ces hommes et femmes de se reconstruire et de retrouver leur dignité. « C’est la simplicité d’être invité qui révèle le pouvoir transformateur du sport », a conclu Kiwanuka-Quinlan.