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Le film _L’Histoire de Souleymane_ réalisé par Boris Lojkine nous plonge dans le quotidien d’un jeune Guinéen, Souleymane (interprété par Abou Sangaré), livreur à vélo à Paris. Le récit dépeint sa quête pour obtenir le statut de réfugié, une démarche où il doit raconter son histoire à l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (Ofpra). Cependant, la narration oscille entre une dramatique rédemption et une perte de portée politique, ce qui soulève des questions cruciales sur la représentation du travail clandestin.
Parcours de vérité
Souleymane n’est pas simplement un personnage de film ; son histoire est tentée d’être façonnée par un coach en demande d’asile, qui lui propose de se présenter en tant qu’opposant politique de Guinée. Toutefois, au fur et à mesure que le récit évolue, Souleymane décide de dévoiler sa véritable histoire, révélant ainsi un chemin moral qui le mène de l’ombre à la lumière.
Chemin de croix
Le film met en avant le motif du chemin de croix en amplifiant les défis rencontrés par son protagoniste. Les obstacles tels que les accidents de vélo, les problèmes de compte de livraison, les retards de paiement et les agressions sont exagérés, transformant le récit en un thriller haletant. Ce traitement narratif, bien que captivant, tend à omettre la complexité du système qui opprime les travailleurs précaires.
Un parcours dépolitisé
En tentant de renforcer l’empathie des spectateurs envers Souleymane, le film dépolitise sa réalité. Plutôt que de documenter les luttes des livreurs clandestins, il glamourise la souffrance de Souleymane, le présentant comme un martyr. Cette approche risque de minimiser la gravité de la situation des travailleurs sans papiers et de les réduire à une simple accumulation de malheurs.
Les spectateurs comme juges
Le film pousse les spectateurs dans le rôle de juges, les incitant à évaluer si Souleymane mérite l’asile. Cette question de mérite s’étend au parcours médiatique du film. Depuis sa projection à Cannes, l’acteur Abou Sangaré fait face à une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Son succès à Cannes pourrait influencer positivement son statut, suggérant que la reconnaissance artistique pourrait ouvrir des portes pour sa régularisation.
Un message d’espoir ?
Ce message sous-entend que la méritocratie pourrait jouer un rôle dans la régularisation des travailleurs clandestins en France. _L’Histoire de Souleymane_ envoie un signal ambigu : si vous remportez un prix à Cannes, il se pourrait que cela vous aide à obtenir des papiers. Ce paradoxe soulève des interrogations sur le traitement des réfugiés et des travailleurs précaires dans la société française.
L’Histoire de Souleymane, réalisé par Boris Lojkine et mettant en vedette Abou Sangaré, sera en salle le 9 octobre.