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Le plan nucléaire de la Coalition australienne semble être davantage une illusion qu’une réalité tangible. Les propositions avancées par un groupe de porte-parole de l’opposition ne se concrétiseront pas, quel que soit le résultat des prochaines élections.
Des promesses irréalistes
Ce n’est pas que l’énergie nucléaire soit intrinsèquement une mauvaise idée. Bien que la gestion des déchets soit un enjeu, les centrales nucléaires offrent une énergie à zéro émission et seront nécessaires dans des zones où les options en matière d’énergie sont limitées. Cependant, les affirmations de l’opposition selon lesquelles l’Australie a besoin de l’énergie nucléaire, ou pourrait l’avoir comme le décrit la Coalition, ne résistent pas à l’analyse.
Coûts et infrastructure manquante
Peter Dutton et son porte-parole sur le changement climatique et l’énergie, Ted O’Brien, affirment qu’un réseau électrique alimenté par l’énergie nucléaire coûterait 44 % moins cher d’ici 2050 que le système énergétique principalement renouvelable en cours de construction sous Labor. Ils soutiennent que l’Australie passerait d’une absence totale d’industrie nucléaire – sans expertise, sans travailleurs, sans système réglementaire, ni infrastructure – à un réseau national de générateurs fournissant 38 % de l’électricité du pays en seulement 25 ans.
Affirmer que tout devrait se passer parfaitement pour y parvenir est un euphémisme. Aucun pays similaire n’a connu une expansion nucléaire à cette échelle récemment. La Coalition soutient qu’Australie pourrait défier cette tendance à partir de rien.
Des prévisions contestables
Les affirmations de l’opposition, fondées sur des modèles de Frontier Economics, rappellent l’adage selon lequel si vous torturez les chiffres assez longtemps, ils vous diront n’importe quoi. Dans ce cas, cela inclut l’idée qu’Australie pourrait développer un système réglementaire et construire une centrale nucléaire à grande échelle d’ici 2036. Le CSIRO, agence nationale de recherche, estime qu’il faudrait au moins 15 ans pour développer une centrale nucléaire, tandis que d’autres évoquent un délai d’environ 20 ans comme plus réaliste.
Un consensus défavorable
La critique la plus évidente du projet de la Coalition est que la majorité des agences et experts dans le domaine le jugent peu crédible. Ils ont constaté, à maintes reprises, que l’énergie nucléaire serait plus coûteuse que le système en cours de construction en Australie, qui s’appuie principalement sur les énergies renouvelables, avec un soutien d’accumulation d’énergie et des interconnexions de transmission, sans oublier les centrales à gaz de secours.
De plus, il a été établi qu’une industrie nucléaire ne pourrait pas être développée à temps et que ralentir le déploiement des énergies renouvelables et des batteries en attendant le développement de l’énergie nucléaire représenterait un risque significatif pour l’approvisionnement, augmentant le risque de pannes alors que les anciennes centrales à charbon deviennent de plus en plus peu fiables.
Impacts environnementaux
Les experts ont également manifesté leur inquiétude quant au fait que l’augmentation de la combustion de charbon et de gaz à court terme accroîtrait les émissions de gaz à effet de serre de l’Australie, compromettant les engagements climatiques nationaux et accélérant le réchauffement climatique. Les prévisions indiquent que la Coalition planifie un réseau électrique considérablement plus polluant au cours des deux prochaines décennies.
Échec des promesses
La Coalition a annoncé son intention d’abandonner l’objectif de réduction des émissions de 2030, ignorant les preuves scientifiques et économiques qui montrent que le pays devrait et pourrait réduire la pollution plus rapidement. Bien qu’elle prétende accepter la science climatique et viser un objectif de zéro émission nette d’ici 2050, ses actions indiquent le contraire.
Analyse récente du CSIRO
Récemment, le CSIRO a publié une analyse mise à jour qui contredit les affirmations des partisans du nucléaire, concluant que l’énergie provenant de ces centrales serait au moins 50 % plus coûteuse que les alternatives renouvelables. De nombreux analystes estiment que les estimations du CSIRO étaient en réalité conservatrices, l’expérience internationale suggérant que les coûts de construction de centrales nucléaires seraient probablement au moins le double de ceux estimés par l’agence.
Expérience internationale et défis
En examinant l’expérience internationale dans des pays comparables d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest, seulement cinq grandes centrales nucléaires ont atteint le stade de la construction au cours des 25 dernières années. Quatre d’entre elles ont subi de sérieux retards, nécessitant entre 18 et 24 ans pour être achevées, avec des coûts de construction entre deux et six fois supérieurs à ceux initialement prévus. La cinquième a été abandonnée en raison de son coût excessif après que 13 milliards d’euros aient déjà été dépensés.
Conséquences économiques et politiques
Les problèmes soulevés par la position de la Coalition sont nombreux, dont le fait que sa politique contribuerait à un réchauffement climatique de 2,6 °C d’ici 2100, un niveau catastrophique à éviter. Cela pourrait également dissuader les investissements privés dans de nouvelles générations d’énergie, notamment dans les domaines et technologies où la Coalition souhaiterait que cela continue.
Réactions des électeurs
Enfin, il est pertinent de noter que la politique de la Coalition ne prétend pas faire baisser les factures d’énergie des ménages. Les hausses récentes des factures d’énergie sont principalement dues à l’augmentation des prix des combustibles fossiles après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et non à l’énergie solaire et éolienne. Les experts affirment que le plan de la Coalition visant à limiter la nouvelle génération solaire et éolienne comme moyen de renforcer l’électricité d’origine fossile – en particulier le gaz, la forme d’électricité la plus coûteuse – pourrait entraîner une augmentation des factures.
Débat à venir
La grande question qui se pose au cours des six prochains mois de débats politiques et médiatiques est de savoir si la Coalition fera face à cette réalité ou si l’illusion nucléaire sera trop séduisante pour y renoncer.