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Les Moldaves sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle et un référendum sur l’adhésion de l’ex-république soviétique à l’Union européenne. Opposée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, la présidente moldave, Maia Sandu, accuse la Russie de vouloir la renverser, ce que le Kremlin dément.
Un scrutin déterminant pour l’avenir
La Moldavie a commencé à voter, dimanche 20 octobre, pour élire son président et décider de poursuivre ou non son chemin européen, un double vote crucial pour l’avenir de cette ex-république soviétique sur fond de craintes d’ingérence russe. La présidente Maia Sandu, qui a résolument tourné son petit pays vers l’Union européenne, fait figure de favorite. Toutefois, il est probable qu’elle doive se préparer à un second tour, prévu pour le 3 novembre.
Le référendum, qui se tient en même temps, sera particulièrement surveillé : les électeurs vont-ils approuver l’inscription dans la Constitution de l’objectif européen ? La Moldavie a déjà un pied dans l’UE, avec l’ouverture officielle en juin de négociations d’adhésion. Les sondages prédisent une victoire du « oui » à 55 %.
Un contexte électoral tendu
« C’est une chance pour l’avenir de nos enfants. Une chance pour la paix », déclare Zinaida Ciobotari, une employée agricole de 60 ans, qui a travaillé en République tchèque. Cependant, le taux de participation constitue une inconnue cruciale, étant donné qu’il doit atteindre un minimum de 33 %. Des partis prorusses ont appelé au boycott dans l’espoir d’invalider le scrutin.
Les bureaux de vote ont ouvert à 7 h (4 h GMT) à Chisinau, où des haut-parleurs ont diffusé l’hymne national. Les premiers résultats sont attendus une heure après la fermeture, vers 22 h.
Corruption et manipulation électorale
Corruption, stages commando, désinformation : la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d’interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou. Un système « sans précédent » d’achat de votes a été révélé, impliquant environ 150 000 Moldaves payés pour glisser des bulletins anti-Sandu et anti-UE dans l’urne, ce chiffre pouvant atteindre 300 000 en incluant leurs proches.
À la veille du scrutin, Maia Sandu a appelé ses compatriotes à s’unir « pour assurer à la Moldavie la place qui lui revient dans la famille européenne ». Elle a affirmé que « le destin de notre pays, pour de nombreuses décennies, repose sur la décision de dimanche ».
Les candidats face à un scrutin complexe
Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions, Maia Sandu est devenue une personnalité européenne de premier plan. Elle est créditée de près de 36 % des intentions de vote. Face à elle, plusieurs candidats, dont Alexandr Stoianoglo, ex-procureur soutenu par les socialistes prorusses, qui pointe à 9 %, et Renato Usatii, ancien maire de Balti, qui a 6,4 % des intentions de vote.
D’après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé environ 100 millions d’euros à l’approche du scrutin, avec l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude, à la manœuvre. Pendant ce temps, une partie de la population voit son niveau de vie affecté par une inflation record.
Réactions face à l’ingérence russe
Le Premier ministre Dorin Recean a exhorté les Moldaves à faire preuve de vigilance, déclarant : « Alors que notre pays est à la croisée des chemins, une bande d’escrocs tente de tromper les gens. » Le Kremlin a « catégoriquement » rejeté les accusations d’ingérence.