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Chaque jour, deux personnes meurent sur leur lieu de travail en France, une réalité alarmante qui touche de nombreuses familles. Dans la région Occitanie, la situation est particulièrement préoccupante, avec un décès tous les cinq jours. En plus de ces tragédies, des milliers d’accidents graves surviennent régulièrement, soulevant d’importantes questions sur la sécurité au travail.
Des familles en quête de justice
Les familles des victimes sont souvent confrontées à un long parcours judiciaire pour obtenir justice. Parmi les cas tragiques, celui d’Aleksej Sitnikov, un ouvrier lituanien de 32 ans, qui a été écrasé par un équipement métallique de coffrage tombé du quatrième étage à Montpellier le 2 février 2017. Ce père de famille laisse derrière lui une fillette et une famille dévastée. Ses proches ont décidé de poursuivre l’entreprise pour homicide involontaire.
Irena Sitnikova, la mère d’Aleksej, exprime sa douleur : * »Mon fils était un garçon très bon. Nous habitions ensemble en France, et chaque jour, avant de partir travailler avec son père, il m’embrassait. Je ne pourrai jamais pardonner à l’entreprise la mort de mon fils. »*
Le procès, prévu initialement le 7 octobre 2024, a été reporté à janvier prochain. L’entreprise de BTP qui employait Aleksej, en liquidation, fait l’objet d’autres poursuites pour des accidents graves. L’avocate spécialisée en droit du travail, Céline Rousseau, souligne que * »les rapports d’expertise montrent que ce jour-là, la sécurité n’a pas été respectée. »* Ce constat est récurrent dans ses dossiers, où l’absence de prévention et les économies sur la sécurité sont souvent mis en avant.
Un bilan inquiétant
Chaque année, le nombre de victimes du travail s’accroît. En 2022, 789 travailleurs ont perdu la vie en France dans l’exercice de leurs fonctions, dont 43 dans la région Languedoc-Roussillon. Les secteurs les plus touchés incluent le BTP, l’industrie, les transports et l’agriculture, avec une forte proportion d’ouvriers parmi les victimes. Un rapport de la CGT indique que le nombre de morts au travail a considérablement augmenté depuis 2019.
Des réformes, notamment la suppression des Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) au profit des Comités Sociaux et Économiques (CSE), ont également contribué à cette aggravation. Cette évolution a réduit l’implication des représentants du personnel dans la gestion de la sécurité des travailleurs.
Serge Ragazzacci, secrétaire départemental de la CGT dans l’Hérault, souligne l’impact de ces changements : * »Les conditions de travail se détériorent, et cela se reflète dans les statistiques. »* En avril, la CGT a organisé des actions à travers le pays pour alerter le gouvernement à l’approche de la journée internationale de commémoration des travailleurs décédés ou blessés.
Prévenir les accidents
La responsabilité de la prévention des accidents graves et mortels incombe à la fois aux entreprises et aux travailleurs. L’employeur est prioritairement responsable de la santé et de la sécurité de ses employés. Dans le secteur du BTP, l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) offre des diagnostics de risque pour sensibiliser les employeurs sur la sécurité des chantiers.
Lydie Colon, conseillère en prévention, insiste sur l’importance de ces mesures : * »Nous vérifions tous les dispositifs de protection, notamment les garde-corps lorsqu’il y a des travaux en hauteur. »* Ces contrôles sont souvent bien reçus par les ouvriers, qui y voient un gage de sécurité.
Alexis Naudinat, couvreur, partage son expérience : * »J’ai déjà chuté trois fois d’un toit, dont une fois qui aurait pu m’être fatale. J’ai travaillé pour des entreprises où la sécurité n’était pas la priorité. »* Cette réalité souligne l’urgente nécessité d’améliorer la sécurité sur les chantiers.
En France, la tragédie des morts au travail continue de se dérouler, avec deux pertes humaines chaque jour, et une mort tous les cinq jours en Occitanie.