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Viktor Orban a surpris en rendant visite à Wladimir Poutine début juillet, une rencontre qui soulève des interrogations sur les liens entre les autocrates contemporains. La historienne et lauréate du prix Pulitzer, Anne Applebaum, s’est penchée sur ces dynamiques et les structures de pouvoir qui les soutiennent. Dans une interview, elle a discuté des implications de l’approche d’Orban, en tant que Premier ministre hongrois, par rapport à l’Union européenne et à la Russie.
Un slogan provocateur
Viktor Orban a placé la présidence hongroise de l’UE sous le slogan « Make Europe Great Again », une référence explicite à Donald Trump. Selon Anne Applebaum, ce slogan vise avant tout à attirer l’attention sur lui-même. Elle doute que Trump soit réellement intéressé par cette présidence, soulignant qu’Orban utilise la politique internationale pour renforcer sa légitimité en Hongrie.
Une position de plus en plus isolée
Applebaum souligne l’importance pour les Européens d’écouter comment Orban parle d’eux et de l’Europe. Elle note qu’Orban se positionne en dehors de la communauté européenne et ne souhaite pas être considéré comme un membre à part entière de l’UE ou de l’OTAN. Il penche ouvertement du côté de la Russie, un pays qui, selon elle, cherche à semer le trouble en Europe.
« Tant qu’Orban sera Premier ministre, il semble difficile pour l’UE d’influer sur lui ou sur la Hongrie », déclare-t-elle, suggérant que l’Union devrait envisager de l’exclure temporairement.
Une question d’appartenance
Lorsqu’on lui demande si la Hongrie devrait être exclue de l’UE, Applebaum répond que sous la direction d’Orban, la Hongrie semble ne pas vouloir faire partie de l’Union. Elle insiste sur le fait qu’une majorité de Hongrois ne soutiennent pas Orban, et que l’exclusion de toute la population hongroise serait injuste. Elle évoque plutôt une suspension, qui pourrait être justifiée.
Retour à la démocratie en Pologne
Concernant la Pologne, avec l’élection de Donald Tusk, Applebaum indique qu’il est très difficile de rétablir des structures démocratiques après que des partis autocratiques ont pris le contrôle des institutions. La situation du système judiciaire en Pologne est particulièrement alarmante, car elle demeure un champ de bataille pour déterminer quels juges sont légitimement élus.
Les mécanismes de l’autocratie
Applebaum explique que les autocrates ne prennent souvent pas le pouvoir par un coup d’État, mais en modifiant les règles du jeu politique. En Hongrie, Orban a modifié la constitution à plusieurs reprises afin de maximiser ses chances de victoire électorale.
Le « Club des Autocrates »
Elle met en garde contre les partis politiques qui se présentent comme les seules légitimes et qui désignent leurs opposants comme ennemis. Applebaum remarque que ce phénomène a été observé en Hongrie et que la PiS en Pologne a tenté de le reproduire.
Elle souligne que la prise de conscience de cette dynamique remonte à environ dix ans, lorsque le Parti communiste chinois a reconnu l’Occident comme un adversaire idéologique.
Le rôle de la corruption
La question de l’argent est centrale pour les dictateurs d’aujourd’hui, selon Applebaum, qui souligne qu’ils sont souvent des milliardaires. Leur intérêt à préserver leur richesse est un moteur puissant de leur résistance contre l’engagement civil et le discours public.
Un espoir pour l’avenir
Malgré les défis, Applebaum se dit optimiste face à l’engagement politique des jeunes générations qui se battent pour leurs valeurs. Elle admire particulièrement la résilience de la population ukrainienne face aux adversités actuelles.