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Pauvreté et guerre à Gaza impactent les élections en Jordanie
La guerre israélienne à Gaza a jeté une ombre sur le paysage électoral en Jordanie. À mesure que les campagnes électorales prennent de l’ampleur dans les rues de la capitale Amman et dans diverses provinces du royaume, les réseaux sociaux s’animent également avec des publications politiques.
Les affiches et slogans des candidats, qu’ils viennent de partis de gauche, nationaux ou islamistes, reflètent leurs positions et leurs visions pour l’avenir proche. Cependant, les slogans des candidats aux élections parlementaires prévues pour le 10 septembre ont soulevé des préoccupations parmi les observateurs en raison de l’absence de programmes concrets traitant des nombreuses problématiques soulevées.
Les élections parlementaires jordaniennes se dérouleront le 10 septembre.
Défis des candidats
La plupart des listes électorales se concentrent sur des défis locaux tels que les libertés publiques, l’éducation, la santé et la situation économique difficile, marquée par la pauvreté et le chômage. D’autres candidats ont intégré des préoccupations sur la politique étrangère, notamment l’agression israélienne contre Gaza et les tentatives de judaïser le Mosquée Al-Aqsa, qui est sous la tutelle religieuse du gouvernement jordanien.
Ces élections surviennent dans un contexte de bouleversements majeurs dans la région, notamment après les événements du 7 octobre 2023, les manifestations réclamant la fin de l’agression sur Gaza, et le climat de tension en Iran et en Entité sioniste, exacerbé par des menaces iraniennes de représailles.
Selon Ahmad Chnaq, secrétaire général du Parti national constitutionnel, les défis auxquels fait face le citoyen jordanien sont doublement intécés :
- Interne : la situation économique, le chômage, la pauvreté et le transport.
- Externe : les événements liés à l’agression sur Gaza.
Chnaq souligne la crainte d’un désintérêt des électeurs vis-à-vis des élections, notamment en raison des problèmes économiques, avec environ 500 000 jeunes diplômés universitaires au chômage et un taux de pauvreté et de chômage dépassant les 35%. Il appelle les candidats à proposer des solutions durables « loin des slogans accrocheurs ».
Perte de confiance
Le commentateur politique Majid Asfour évoque une perte de confiance chez le citoyen jordanien envers les programmes électoraux et le Conseil des ministres, dû à ce qu’il qualifie de « performance médiocre » de ses membres précédents.
Il observe qu’une fois élus, beaucoup de candidats abandonnent leurs promesses. Certains jouent sur la pauvreté et le chômage pour gagner des voix, alors que les électeurs savent que ces problèmes demeurent non résolus.
Asfour critique également certains candidats, qu’il considère comme exagérant dans leur description de la situation palestinienne, principalement concernant la guerre à Gaza. De précédents membres du parlement avaient plaidé pour une réévaluation des accords avec Entité sioniste, mais n’ont apporté aucun changement significatif.
La dynamique électorale
Bassam Badarin, analyste politique, remet en question l’efficacité des slogans de nombreux candidats, affirmant qu’ils négligent les véritables problèmes locaux et la question palestinienne. Selon lui, les Jordaniens ressentent une forte indignation face aux actions israéliennes en raison des violences répétées à Gaza, mais l’impact de cette indignation sur la participation électorale reste incertain.
Badarin prévoit que le courant islamique intégrera les développements à Gaza dans son discours, tandis que les partis nationaux traiteront des questions internes tout en évoquant la menace israélienne.
Depuis 2021, la Jordanie a entamé un processus de réforme politique avec un décret royal du roi Abdallah II, visant à améliorer la participation populaire et la diversité politique.
En janvier 2022, le parlement jordanien a approuvé 26 modifications constitutionnelles visant à améliorer le système électoral et les partis politiques. Lors des dernières élections législatives de 2020, le taux de participation s’élevait à 29,9%, soit environ 1,4 million d’électeurs sur 4,6 millions inscrits sur les listes électorales.