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Mozambique : élections cruciales pour un avenir politique incertain
Les Mozambicains se dirigent vers les urnes pour voter lors d’élections qui pourraient, pour la première fois, élire un président né après l’indépendance du pays vis-à-vis des colonisateurs portugais en 1975.
Environ 17 millions des 32 millions d’habitants du pays sont éligibles pour voter dans ce pays côtier riche en ressources d’Afrique australe, ce mercredi. Les élections parlementaires et provinciales dans les 11 provinces auront lieu simultanément.
Le président Filipe Nyusi, 65 ans, du parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), quittera ses fonctions après huit années à la tête du pays.
Il pourrait être le dernier des anciens combattants pro-indépendance de Frelimo devenus présidents, qui étaient en première ligne de la brutale guerre de libération ayant coûté la vie à des milliers de Mozambicains.
La présidence de Nyusi est entachée par un immense scandale de corruption des « tuna bonds » (2013-2016), qui a vu des membres de haut niveau de Frelimo, en poste, être emprisonnés – y compris un ancien ministre des Finances, condamné aux États-Unis en août. Plusieurs politiciens impliqués ont été reconnus coupables d’avoir accepté des pots-de-vin pour organiser des garanties de prêts secrets pour des sociétés de pêche contrôlées par l’État.
Les électeurs sont divisés entre des promesses de changement de la part des candidats concurrents. En même temps, certains Mozambicains plus âgés sont moins enthousiastes à l’idée d’un changement de l’ancienne garde.
Cependant, de nombreux jeunes du pays affirment être fatigués de l’ancien système et souhaitent davantage d’emplois et de sécurité, alors que le niveau de pauvreté est élevé et qu’un conflit armé sévit dans le nord.
Qui se présente ?
Il y a quatre candidats approuvés pour la présidence :
Daniel Chapo, 47 ans
Ce nouveau politicien est le favori pour remporter les élections en raison de l’avantage du pouvoir d’incumbence de Frelimo, affirment les analystes. Chapo n’est entré en politique qu’en 2011 mais a rapidement gravi les échelons pour devenir président de Frelimo en mai 2024, après avoir été gouverneur provincial dans la ville côtière d’Inhambane. Le politicien prétend que cette expérience lui donne un avantage sur ses concurrents.
Au cours des six semaines de campagne qui se sont officiellement terminées dimanche, Chapo s’est distancé de l’image corrompue de Frelimo. Il a également promis que la paix serait rétablie dans la province de Cabo Delgado, touchée par des années de conflit armé.
Chapo s’est rendu en septembre en Afrique du Sud pour faire appel à la grande population de Mozambicains vivant à l’étranger. Il a également rencontré les dirigeants du principal parti sud-africain, le Congrès national africain (ANC) – Frelimo et l’ANC se considèrent comme des alliés, en raison de leurs histoires de luttes pour la libération.
Cependant, de nombreux électeurs, en particulier les jeunes, ont du mal à dissocier Chapo de la décadence et de la corruption qui ont marqué les 49 ans de pouvoir de Frelimo, affirment les analystes.
Profil des candidats
Ossufo Momade, 63 ans
Momade est le leader de la Résistance nationale mozambicaine (Renamo), qui ne compte que 60 des 250 sièges au parlement, et quelques-uns des 65 municipalités. Contrairement à Chapo, Momade fait encore partie de la vieille garde, ayant combattu lors de la guerre civile mozambicaine (1977-1992), durant laquelle Frelimo s’est opposé aux anciens groupes rebelles, dont Renamo, qui est ensuite devenu un parti politique.
Malgré son âge, Momade conserve son attrait parmi les partisans de Renamo dans des régions telles que le Nampula, au nord. Il est toujours salué comme le leader de Renamo qui a signé des accords de paix mettant fin à la rébellion de Renamo après la guerre civile (2013-2018) en 2019.
Les enjeux des élections
Les élections sont d’une grande importance, car en plus de voter pour un nouveau président, les électeurs choisiront :
- 250 membres du parlement
- Des gouverneurs provinciaux et des responsables dans certaines des 11 provinces
Les principaux enjeux abordés par les candidats portent sur :
Conflit armé à Cabo Delgado
Pour de nombreux Mozambicains, le conflit armé mené par l’État islamique-Mozambique dans la province riche en gaz de Cabo Delgado reste une priorité. En 2017, un groupe local de combattants a commencé à attaquer brutalement les habitants, décapitant des gens et détruisant des entreprises.
Problèmes économiques et création d’emplois
Deux tiers de la population du Mozambique a moins de 25 ans, mais beaucoup n’ont pas d’emplois, alors que le pays fait face à un taux de chômage et de pauvreté élevés. Les chocs liés à la COVID-19 ont fait passer le nombre de personnes pauvres de 13 millions à 18 millions. Cela malgré les immenses ressources en gaz naturel, graphite et or du pays.
Résultats des élections
Le dépouillement des votes commencera immédiatement après la fermeture des bureaux de vote ce mercredi, et des résultats partiels seront annoncés au fur et à mesure de leur compilation. La Commission nationale des élections annoncera les résultats officiels après 15 jours.