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Il y a plus de deux ans, leur histoire d’amour ne comptait qu’un mois lorsque l’armée russe a envahi Marioupol, leur ville natale située à l’est de l’Ukraine, les séparant brutalement. Sofia a fui avec sa mère et son grand-père vers une petite maison en périphérie de la ville, avant de se réfugier en Allemagne. Polina, quant à elle, s’est cachée dans un abri souterrain durant plusieurs semaines pour échapper à la violence des bombardements, avant de rejoindre sa mère en Crimée, une région annexée par la Russie depuis dix ans.
Deux années traumatisantes
À l’époque, Sofia avait 19 ans et Polina 17. Les deux jeunes femmes ont survécu à la violence de l’invasion russe, mais se sont retrouvées de part et d’autre de la ligne de front. Leur chemin vers les retrouvailles a nécessité deux années de préparation minutieuse et de confiance en l’avenir.
Sofia, militante LGBTQI pro-ukrainienne, a dû quitter l’Allemagne pour retourner en Russie, puis en Crimée afin de retrouver Polina. Après un an de planification, elles ont décidé en avril dernier de traverser à nouveau la Russie et de rentrer en Ukraine, espérant continuer leur voyage jusqu’en Allemagne.
Un parcours semé d’embûches
Lors de leur arrivée de nuit au poste de police de Soumy, dans le nord-est de l’Ukraine, elles étaient accompagnées de leur chat, Ozzy. Elles avaient subi des brutalités de la part des gardes-frontières russes. *“Ils m’ont attrapée par les cheveux et m’ont frappée au visage”,* se souvient Sofia.
Quatre gardes-frontières l’ont interrogée longuement, souhaitant connaître ses opinions sur la Russie et Vladimir Poutine, ainsi que sa présence en Ukraine et son engagement pour les droits LGBTQI. *“Pourquoi tu te teins les cheveux ? T’es lesbienne ?”* a demandé l’un d’eux. En déniant cette accusation, elle a immédiatement été frappée par l’un des hommes.
Une épreuve de plus
Après une heure et demie d’interrogatoire, Sofia a retrouvé Polina, qui était en larmes et incapable de prononcer un mot. Elle avait subi des traitements similaires. Le ministère de la Défense russe n’a pas réagi aux questions concernant cette agression.
Cette expérience n’était qu’un chapitre de plus dans deux années marquées par des traumatismes, où les deux jeunes femmes ont échappé à la mort et ont été confrontées à des atrocités qui continuent de les hanter. Cependant, cette souffrance leur a révélé ce qui était essentiel pour elles : vivre ensemble, libres.
Un nouvel espoir à Odessa
Nous avons rencontré Sofia et Polina à Odessa, où elles travaillent comme serveuses cet été. Elles étaient désireuses de partager leur histoire et ont eu de nombreuses discussions avec nous à ce sujet.