Sommaire
Le climat au Moyen-Orient : une chaleur insupportable d’ici 2100
Une étude récente indique que le monde arabe fera face à une augmentation significative des températures, atteignant des niveaux critiques avant deux à trois décennies par rapport à d’autres régions, plaçant ainsi le monde arabe sous une pression climatique intense, avec des impacts notables sur les aspects économiques et sociaux.
La température mondiale moyenne a considérablement augmenté depuis l’ère préindustrielle, ce phénomène étant principalement attribué aux émissions de gaz à effet de serre résultant des activités humaines.
Les changements climatiques ne montrent pas de schémas uniformes dans les différentes régions, et des variations régionales étonnantes ont été observées. Par exemple, dans l’Arctique, les températures augmentent de deux à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, tandis que la péninsule antarctique a également connu une forte hausse des températures (plus de 3 degrés Celsius au cours des 50 dernières années).
Des augmentations de températures dans les régions désertiques
Les températures dans les régions désertiques augmentent à des taux supérieurs à la moyenne mondiale, particulièrement dans les régions tropicales et subtropicales, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Selon l’étude publiée le 21 novembre dans la revue « Journals of Geophysical Research: Atmospheres », l’augmentation des températures pourrait atteindre 9 degrés Celsius d’ici 2100, suscitant des inquiétudes quant à la possibilité que de vastes parties de la région deviennent inhabitables sans mesures d’adaptation appropriées.
Dépassement des seuils de réchauffement mondial
Le co-auteur de l’étude, Georgy Stenchikov, professeur émérite en sciences et ingénierie de la terre à l’Université King Abdullah des sciences et technologies en Arabie Saoudite, affirme que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord atteindront des seuils de réchauffement climatique (1,5°C, 2°C, 3°C et 4°C) avant le reste du monde, d’une période allant de deux à trois décennies.
Stenchikov ajoute : « Ce calendrier accéléré augmente l’urgence de stratégies de mitigation et d’adaptation spécifiquement conçues pour faire face à la vulnérabilité de la région ».
Les principaux défis incluent l’aggravation de la rareté de l’eau, l’augmentation des risques sanitaires liés à la chaleur et les menaces pesant sur l’agriculture. Ces changements pourraient détruire les écosystèmes locaux et exercer d’énormes pressions sur les ressources pour les populations les plus vulnérables, notamment dans des pays comme l’Irak, la Syrie et l’Algérie, qui devraient faire face à certains des impacts les plus sévères.
Analyse avancée et résultats prometteurs
L’étude s’appuie sur des techniques avancées, combinant des données historiques et des résultats provenant de 26 modèles climatiques mondiaux de haute précision. Cette approche globale a permis d’obtenir des détails spatiaux sans précédent, facilitant une évaluation précise des tendances actuelles et futures du réchauffement. La validation des résultats, utilisant des données observées, renforce la fiabilité des prévisions, faisant de ces résultats une base solide pour les discussions politiques sur le climat.
Des vagues de chaleur extrêmes
Ces résultats concordent avec plusieurs autres études, dont une étude publiée dans la revue « Scientific Reports », menée par la docteure Diana Francis et le docteur Ricardo Fonseca de l’Université Khalifa aux Émirats, qui ont suivi les transformations climatiques dans le monde arabe.
Leurs travaux, utilisant un mélange de données de surveillance et de modèles climatiques avancés, ont révélé des changements importants dans le climat de la région au cours des quatre dernières décennies, avec des transformations plus dramatiques attendues d’ici la fin du XXIe siècle.
De plus, la température de l’air a augmenté dans toute la région entre 1981 et 2020, avec une hausse annuelle de 0,36 degré Celsius par décennie. Les températures estivales augmentent même plus rapidement, avec une hausse de 0,45 degré Celsius par décennie.
Les priorités politiques et l’adaptation régionale
Le principal auteur de l’étude, Abdul Malik, chercheur post-doctoral en sciences et ingénierie de la terre à l’Université King Abdullah, souligne l’urgence des interventions politiques, affirmant la nécessité d’une double approche de mitigation et d’adaptation.
Parmi les recommandations clés figurent l’amélioration des systèmes de gestion de l’eau pour faire face à sa rareté croissante, la préparation des systèmes de santé publique pour des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, ainsi que la transition vers des sources d’énergie renouvelable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Abdul Malik plaide également pour l’expérimentation et l’adoption de mesures d’adaptation innovantes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui pourraient servir de modèle pour d’autres régions chaudes du monde, tout en soulignant l’importance de la coopération mondiale pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
En l’absence de ces engagements, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord – et donc le monde entier – font face à une série de défis environnementaux et sociaux. Les auteurs notent que les effets du changement climatique ne seront pas répartis de manière uniforme à travers la région. Alors que le Sultanat d’Oman et le Yémen devraient connaître des taux de réchauffement plus lents, des pays comme l’Iran, l’Algérie et l’Arabie Saoudite pourraient connaître des augmentations significatives des températures.