Sommaire
Dans un parc sportif situé à l’est du pays, les spectateurs profitent des doux rayons d’automne et des buts spectaculaires. Tout semble parfait durant la première moitié d’un match de troisième division. Cependant, l’atmosphère se dégrade après la pause. Un arbitre assistant, affilié à l’équipe visiteuse, signale deux attaques de l’équipe locale pour hors-jeu. « Arbitre ! », crie ce juge de touche après la deuxième fois. « Je me fais traiter de mongole ici. » Par la suite, il signale encore quatre attaques de l’équipe locale, qui ne parvient plus à marquer.
Des décisions controversées
Ces arbitres assistants, surnommés « pointilleux », sont souvent critiqués dans le football amateur pour leur tendance à flaguer rapidement les situations litigieuses, cherchant à aider leur équipe. Cette attitude suscite une grande frustration, d’autant plus qu’il n’y a pas de VAR (arbitre vidéo) pour corriger ces erreurs.
Une présence vidéo croissante
Ce jour-là, une caméra était présente sur le terrain. On estime qu’un tiers des 3 000 clubs de football filment actuellement les matchs de leur première équipe ainsi que ceux des équipes de jeunes. L’entreprise danoise Veo, leader sur le marché, affirme avoir installé des caméras sur 987 complexes sportifs aux Pays-Bas, principalement des clubs de football. Par ailleurs, la société néerlandaise USF Sport déclare couvrir environ 400 clubs de football amateur. Les clubs ont la liberté de publier et de diffuser ces enregistrements.
Des erreurs d’arbitrage révélées
Les images montrent clairement que l’arbitre assistant a signalé à tort six fois des hors-jeux, comme le rapporte *NRC*. À chaque fois, l’attaquant se trouve à une bonne distance derrière le dernier défenseur au moment de la passe. Un septième signal n’est pas suffisamment clair. Pour protéger les parties concernées, leurs noms ne seront pas divulgués dans cet article.
Réactions des clubs
Le président du club local déclare que ce type de situation n’arrive « qu’une à deux fois » par saison. Bien que les images ne laissent aucune place au doute, il ne prévoit pas d’action. « On continue à se préparer pour le prochain match. » De son côté, le président du club de l’arbitre assistant admet comprendre l’irritation et souhaite avoir une discussion à ce sujet au sein du club.
Une campagne de sensibilisation
Il n’existe pas de véritable documentation sur les décisions arbitrales dans le football amateur. La KNVB (fédération néerlandaise de football) n’est pas au courant que des vidéos soient soumises pour dénoncer les arbitres « pointilleux ». Cependant, les images sont utilisées dans des affaires disciplinaires, comme les cartons rouges ou les bagarres. « Nous n’avons pas l’intention d’introduire un VAR dans le football amateur », précise un porte-parole. « Nous avons conscience du phénomène des ‘arbitres maison’, mais nous n’avons pas de chiffres pour l’appuyer. »
Des conséquences tragiques
Les controverses autour des décisions de hors-jeu sont souvent à l’origine d’escalades sur les terrains amateurs, parfois avec des conséquences tragiques. En 2012, l’arbitre assistant Richard Nieuwenhuizen a été tué. Lors des jugements, le tribunal a établi que les coupables, six joueurs de jeunes et un père, agissaient « manifestement uniquement par frustration » suite aux décisions de Nieuwenhuizen sur les hors-jeux.
La lutte pour le respect
Depuis cet incident, la campagne de sensibilisation pour un meilleur respect des arbitres a été lancée et n’a jamais cessé. La semaine dernière, la KNVB a organisé la « Semaine de l’Arbitre » pour encourager la compréhension et inciter les gens à arbitrer eux-mêmes.
Un manque de juges
Le manque d’arbitres et d’assistants s’est aggravé ces dernières années. Chaque semaine, environ 38 000 matchs sont joués, mais il y a bien moins d’arbitres qualifiés. Dans les divisions nationales et en première classe, il reste des équipes arbitrales complètes. À partir de la deuxième classe et en dessous, des arbitres de clubs officiant sur la ligne sont de plus en plus fréquents. Dans les équipes inférieures, des remplaçants peuvent être vus avec un drapeau, tandis que le juge est souvent issu de l’équipe locale.
Des initiatives pour améliorer l’arbitrage
En 2016, la fédération a abordé le problème de la partialité avec un projet pilote visant à réduire l’importance des arbitres assistants en les rendant moins déterminants dans les décisions de hors-jeu. Une KNVB a reconnu qu’il était difficile de mesurer l’impact de cette initiative.
Un avenir avec la vidéo
Kevin Vink, représentant de USF Sport, évoque l’importance croissante des images dans le football amateur. Les entraîneurs sont très intéressés par les vidéos pour le développement de leurs équipes. Les joueurs, eux, aiment souvent revoir leurs actions spectaculaires sur les médias locaux. Vink a également reçu des demandes d’arbitres souhaitant analyser leurs performances. « C’est une très bonne évolution », déclare-t-il.
Un constat général
Kevin Vink prévoit que d’ici cinq ans, quasiment tous les clubs utiliseront l’enregistrement vidéo. Il lance bientôt un système de caméra mobile qui peut également être utilisé lors des matchs à l’extérieur. « L’utilisation et l’enregistrement de vidéos sont désormais acceptés », affirme-t-il. « Il reste à voir si ces vidéos peuvent être régulées pour garantir un football plus équitable. Il ne faut pas que cela devienne un outil de contestation. »