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Le cyclisme professionnel est en pleine évolution, marqué par des contrats prestigieux tels que celui de Wout van Aert avec Visma – Lease-a-bike, et des changements notables au sein des équipes. Alors que de nombreuses entreprises, petites et grandes, investissent dans ce sport, des inégalités économiques croissantes entre les équipes émergent, suscitant des questions sur la viabilité de ce modèle économique. À l’approche de la fin de saison, quel avenir se dessine pour le cyclisme ?
Un sport, deux modèles économiques
Contrairement à d’autres sports tels que la Formule 1 ou le football, une équipe de cyclisme professionnel existe et prospère principalement grâce à l’apport d’investisseurs, souvent désignés comme « namers ». Les équipes cyclistes dépendent presque exclusivement de ces sponsors pour leur financement, alors que les clubs de football bénéficient de la billetterie et des droits TV. Dans le cas du cyclisme, le modèle économique repose aussi sur les organisateurs de courses, qui obtiennent des revenus principalement par le sponsoring et la vente des droits TV, peu recourant à la billetterie, sauf pour certaines courses spécifiques.
Les droits TV sont négociés directement par les organisateurs comme ASO (Tour de France, Paris-Nice), permettant de redistribuer des gains aux équipes en fonction de leurs performances. Ainsi, pour qu’une équipe cycliste survive, elle doit non seulement se concentrer sur ses performances sportives, mais aussi être capable de gérer de nombreuses dépenses allant des frais de déplacement à la recherche-développement sur le matériel.
Des inégalités croissantes entre les équipes
Les disparités budgétaires entre les grandes équipes, soutenues par des États comme UAE ou Bahrein, et le reste du peloton, mettent en lumière une problématique d’inéquité dans ce sport. Des salaires exorbitants, comme les 12 millions d’euros annuels de Tadej Pogacar, contrastent avec ceux des coureurs moins bien lotis, dont les revenus sont souvent inférieurs à un million d’euros. Même les coureurs de renom comme Julian Alaphilippe, qui a quitté Soudal Quick Step, maintiennent des salaires élevés, frôlant les 2 millions d’euros par an.
Les écarts se creusent encore, alors que des équipes comme Lidl-Trek tentent de rivaliser avec des budgets plus modestes. Le manager général de Lidl-Trek, Luca Guercilena, reste optimiste quant à la capacité de son équipe à se mesurer aux plus grands, soulignant que la force financière des autres ne devrait pas être une excuse pour ne pas performer.
Les défis futurs et la nécessité de réformes
À l’approche de la fin de saison, les responsables des équipes expriment des inquiétudes concernant leur capacité à rivaliser face aux budgets en constante augmentation. Des talents prometteurs, comme Lenny Martinez, quittent des équipes moins fortunées pour de meilleures rémunérations. Pour maintenir l’attrait du cyclisme professionnel, il est crucial de repenser le modèle économique. Cela pourrait inclure la création d’un calendrier de courses plus attrayant et la mise en place d’une « luxury tax » pour les équipes dépassant un certain seuil salarial.
Par ailleurs, le développement d’équipes féminines performantes représente également un enjeu majeur. L’engouement suscité par le Tour de France Femmes témoigne d’un intérêt croissant, notamment en Belgique et aux Pays-Bas, où les audiences télévisées ont connu une forte hausse. Cela pourrait contribuer à diversifier les sources de revenus et équilibrer les inégalités économiques.
Le rôle de l’UCI et les nouvelles initiatives
Le rôle de l’Union Cycliste Internationale (UCI) est également crucial dans cette dynamique. La fédération pourrait potentiellement jouer un rôle clé pour aider à instaurer un équilibre financier dans le cyclisme professionnel. Avec des propositions d’investissements colossaux en provenance des pays du Golfe, comme la création d’une ligue cycliste par l’Arabie Saoudite, le cyclisme est à un tournant décisif. Ces initiatives pourraient non seulement offrir des récompenses financières élevées aux équipes, mais aussi transformer le paysage cycliste actuel.