Syndicats de police haïtiens en difficulté face à l’assaut des gangs armés sur la prison principale
Des groupes armés ont pris d’assaut la plus grande prison d’Haïti, défiant les forces de police qui ont lancé un appel à l’aide après plusieurs jours de tirs dans certains quartiers de la capitale, alors qu’un important chef de gang cherche à renverser le Premier ministre Ariel Henry.
Deux des principaux syndicats de police du pays des Caraïbes ont demandé de l’aide samedi pour empêcher les détenus, dont beaucoup sont considérés comme des criminels de haut niveau, de s’échapper de la prison nationale de Port-au-Prince.
“Ils ont besoin d’aide”, a déclaré l’un des syndicats dans un message sur les réseaux sociaux, accompagné d’un emoji “SOS” répété huit fois. “Mobilisons l’armée et la police pour empêcher les bandits de pénétrer dans la prison.”
Le nombre de personnes ayant fui la prison était incertain, un chiffre que le journal Gazette Haïti a qualifié de “significatif”. Certains détenus hésitaient à partir en masse par peur d’être tués dans les échanges de tirs, ont indiqué des sources à l’agence de presse Reuters.
Les policiers affectés à la prison avaient évacué les lieux samedi, selon des informations rapportées par les médias locaux d’AyiboPost.
Un homme circule devant une barricade en feu lors d’une manifestation à Port-au-Prince [Photo: Ralph Tedy Erol/Reuters]
Le gouvernement d’Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, n’a pas commenté la situation samedi.
Le Premier ministre Henry est au Kenya pour sauver une mission de sécurité proposée en Haïti, qui serait dirigée par ce pays d’Afrique de l’Est et soutenue par les Nations unies.
Des tirs nourris ont semé la panique ces derniers jours après les appels du chef de gang Jimmy Cherizier, un ancien officier de police, à ce que les groupes criminels s’unissent pour renverser Henry. Cherizier, également connu sous le nom de Barbecue, dirige une alliance de gangs et fait l’objet de sanctions de l’ONU et des États-Unis.
La prison, conçue pour accueillir 700 prisonniers, détenait 3 687 détenus en février de l’année dernière, selon le groupe de défense des droits RNDDH. Un rapport de 2017 du groupe mettait en garde contre une surpopulation grave à la prison, qui souffrirait également d’un sous-effectif policier.
L’attaque de la prison fait suite à des informations selon lesquelles des hommes armés ont tenté de prendre le contrôle du principal port à conteneurs de la capitale vendredi, perturbant la circulation et menaçant d’attaquer d’autres commissariats de la ville.
Cette semaine, Cherizier a averti la population de garder les enfants à l’écart de l’école pour “éviter les dommages collatéraux” alors que la violence s’intensifiait.
Henry, arrivé au pouvoir après l’assassinat du dernier président du pays, Jovenel Moise, en 2021, avait initialement promis de démissionner début février.
Il a ensuite déclaré que la sécurité devait d’abord être rétablie pour garantir des élections parlementaires et présidentielles libres et équitables, qui n’ont pas eu lieu depuis près d’une décennie.
