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Donald Trump, candidat républicain à la présidence, promet d’utiliser une loi méconnue datant de 1798 pour accélérer les déportations de migrants sans papiers aux États-Unis. Lors de plusieurs rassemblements, il a évoqué l’Acte des Ennemis Étrangers, affirmant vouloir cibler et démanteler les réseaux criminels liés aux migrants.
Les promesses de Trump
Lors d’un récent rassemblement en Californie, Trump a déclaré : « J’invoquerai l’Acte des Ennemis Étrangers de 1798 pour cibler et démanteler chaque réseau criminel de migrants opérant sur le sol américain. » Il a indiqué qu’en cas de réélection, il lancerait une opération fédérale appelée « Opération Aurora », du nom de la ville du Colorado qu’il prétend avoir été envahie par des gangs vénézuéliens.
Qu’est-ce que l’Acte des Ennemis Étrangers ?
Cette loi autorise le président à détenir, relocaliser ou déporter des non-citoyens d’un pays considéré comme ennemi des États-Unis en temps de guerre. Adoptée en 1798, elle fait partie des quatre lois des « Alien and Sedition Acts » qui ont été mises en place alors que les États-Unis frôlaient la guerre avec la France.
Le professeur de droit Steve Vladeck de l’Université de Georgetown explique que cette loi a été adoptée en réponse à des craintes concernant les partisans français aux États-Unis. Elle a grandement restreint les libertés civiles, en imposant des restrictions sur les Américains d’origine étrangère et en limitant les discours critiques à l’égard du gouvernement.
Utilisation passée de l’Acte
L’Acte des Ennemis Étrangers a été utilisé trois fois dans l’histoire américaine, principalement lors de conflits militaires majeurs. Pendant la guerre de 1812, tous les ressortissants britanniques vivant aux États-Unis devaient fournir des informations personnelles. Plus tard, pendant la Première Guerre mondiale, le président Woodrow Wilson a invoqué cette loi contre les nationaux des Puissances centrales, plaçant plus de 6 000 « ennemis aliens » dans des camps d’internement.
Les défis juridiques potentiels
Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Acte des Ennemis Étrangers n’a pas été invoqué, ce qui soulève des questions sur sa pertinence aujourd’hui. La loi stipule que le président ne peut exercer cette autorité qu’après une déclaration de guerre par le Congrès, ce qui n’a pas eu lieu depuis 1942. De plus, Trump n’a pas précisé de pays ou de conflit pouvant justifier l’application de cette loi ancienne.
Georgetown’s Vladeck souligne que même certains défenseurs de l’immigration reconnaissent les défis juridiques associés à l’utilisation de cette loi, notamment la nécessité de prouver que l’immigration illégale constitue une invasion. De nombreux obstacles, tels que le manque de ressources, compliquent également la mise en œuvre d’une politique d’immigration stricte.
Conclusion et perspectives
Si Trump est réélu et décide d’invoquer l’Acte des Ennemis Étrangers, il pourrait être immédiatement contesté en justice. Les experts estiment que les tribunaux seraient sceptiques face à une telle utilisation d’une loi qui, bien qu’ancienne, pourrait être jugée inappropriée dans le contexte actuel. Les discussions autour de cette loi mettent en lumière les tensions persistantes sur la question de l’immigration aux États-Unis et le pouvoir présidentiel en temps de paix.