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Responsabilité des géants technologiques dans la guerre à Gaza
À l’approche d’un an de la guerre dévastatrice à Gaza, la question du rôle des grandes entreprises technologiques dans les conflits armés devient de plus en plus pressante. Parmi les principaux enjeux soulevés, on trouve l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et des infrastructures technologiques modernes dans l’exécution des opérations militaires.
Tecnologie au cœur du conflit
Durant ce conflit, la technologie s’est révélée être un outil crucial pour diriger les opérations militaires et atteindre les objectifs sur le terrain. Selon Sophia Jodfriend, chercheuse à l’Université de Harvard, « la guerre à Gaza, tout comme celle en Ukraine, est devenue un laboratoire pour les guerres futures ». Cela montre comment les technologies d’IA sont testées et développées directement sur le champ de bataille.
Le conflit actuel représente l’une des plus grandes guerres ayant connu un usage intensif de la technologie pour orienter les attaques, soulevant ainsi des interrogations sur la responsabilité des grandes entreprises technologiques qui fournissent ces outils à l’armée israélienne.
Critiques internes au sein des entreprises technologiques
Avec l’augmentation des pertes humaines à Gaza, estimées à plus de 41 600 personnes, les voix de l’opposition se sont multipliées au sein des grandes entreprises technologiques. D’après un rapport de Daily Sabah, le nombre d’employés d’Amazon ayant rejoint des groupes soutenant les droits des Palestiniens a été multiplié par cinq au cours de l’année écoulée.
Un employé d’Amazon, qui a choisi de rester anonyme par crainte de représailles, a déclaré : « Savoir comment les services d’Amazon Web sont utilisés à Gaza a suffi à inciter les gens à s’engager ». Google et Microsoft ne sont pas épargnés par ces critiques, de nombreux employés exprimant leurs inquiétudes quant à l’utilisation de leurs technologies dans le conflit, avec des manifestations internes et des appels à cesser de fournir des technologies à l’armée israélienne.
Le projet Nimbus : entre technologie et guerre
Parmi les contrats controversés figure le projet Nimbus, d’une valeur de 1,2 milliard de dollars, attribué à Google et Amazon pour fournir une infrastructure de cloud computing au gouvernement israélien. Annoncé en mai 2021, ce projet a été décrit comme « une réponse globale pour offrir des services cloud aux autorités gouvernementales et aux organismes de sécurité ».
Cependant, ce projet a suscité de vives inquiétudes parmi les employés des deux entreprises, qui craignent que la technologie soit utilisée pour renforcer la surveillance et étendre les colonies israéliennes illégales sur les terres palestiniennes. Bien que le mode d’utilisation par l’armée israélienne des technologies du projet Nimbus à Gaza demeure flou, des rapports médiatiques suggèrent qu’elles pourraient jouer un rôle dans la désignation des cibles militaires via l’IA.
Dilemmes éthiques pour les entreprises
Deborah Brown, chercheuse à Human Rights Watch, a souligné que « la ligne de démarcation entre ce que ces entreprises fournissent et ce que fait l’armée n’est pas claire ». Elle a également insisté sur la nécessité d’un contrôle accru avant que les entreprises technologiques ne s’engagent dans des contrats lucratifs avec les armées. Ces entreprises doivent prendre des mesures sérieuses pour effectuer des vérifications des droits de l’homme afin de garantir qu’elles ne contribuent pas à des violations.
Contrôle du contenu pro-palestinien
En outre, des entreprises de médias sociaux telles que Meta (Facebook et Instagram) ont été largement critiquées pour leur censure des contenus pro-palestiniens. Selon un rapport de Human Rights Watch, la censure du contenu palestinien constitue un problème mondial et systématique.
Des anciens employés de Meta ont rapporté avoir subi des pressions au sein de l’entreprise lorsqu’ils ont tenté d’exprimer leur soutien à la cause palestinienne.
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