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Le premier long métrage d’Afrique subsaharienne, réalisé par Ousmane Sembène, ressort dans les salles obscures ce mercredi 9 octobre.
Rencontre avec Ousmane Sembène
La seule fois de ma vie que j’ai rencontré Ousmane Sembène (1923-2007), c’était à Cannes pour son dernier film, _Moolaadé_, présenté en 2003. Son apparence n’était pas banale : boubou blanc sur veste bleue chinoise, casquette de marin breton, pipe au bec, il était très chic. Bien qu’il semblait austère, cachait sous ses airs bourrus une humanité profonde et un humour irrésistible.
À plus de 80 ans, il militait activement, dans _Moolaadé_, pour l’abolition de l’excision dans le monde entier. Il avait l’habitude de dire : “Quand tu ris, tu pleures.” Sembène ramassait tous les magazines de cinéma au festival pour les rapporter à Dakar, où sa bibliothèque était ouverte aux enfants du voisinage.
Une vie hors du commun
Né en 1923 dans une famille modeste de Casamance, dans le sud du Sénégal, sa vie n’a rien eu de banal. D’abord maçon, il devient tirailleur sénégalais en 1942. Après avoir combattu, il rentre au Sénégal, puis revient clandestinement en France pour travailler comme docker à Marseille. Devenu militant communiste, il s’engage pour l’indépendance du Sénégal.
Il commence à écrire et après l’indépendance, en 1960, il part en URSS pour apprendre le cinéma. _La Noire de…_, son premier film de fiction, obtient le prix Jean-Vigo en 1966.
Synopsis de _La Noire de…_
Le film raconte l’histoire de Diouana (Mbissine Thérèse Diop), une jeune femme sénégalaise qui devient la domestique d’un couple d’expatriés français à Antibes. Rapidement exploitée, humiliée et maltraitée, son histoire illustre les enjeux de la colonisation.
Un film au style sobre et puissant
Ce long métrage militant dénonce sans détour les comportements des anciens colonisateurs. Tourné avec des moyens limités et une sobriété de style efficace, l’image très contrastée en noir et blanc frappe le spectateur. À travers une voix off, Sembène nous fait entrer dans l’esprit de son héroïne, dévoilant sa lente descente dans la dépression.
Un héritage cinématographique
Après _La Noire de…_, Sembène réalise le premier long métrage en wolof, _Le Mandat_, qui reçoit le prix de la critique internationale au Festival de Venise en 1968. Ses films des années 1970, tels que _Emitaï_, _Xala_ et _Ceddo_, laissent une empreinte indélébile dans le cinéma. En 2008, la Cinémathèque française lui a rendu hommage, en présence de sa famille et de Mbissine Thérèse Diop.
Il est temps de redécouvrir _La Noire de…_ dans les salles de cinéma aujourd’hui.
_La Noire de…_, d’Ousmane Sembène, avec Mbissine Thérèse Diop, Anne-Marie Jelinek, Robert Fontaine. En salle le 9 octobre.
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