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Revival de la Symphonie n°2 d’Elsa Barraine par l’Orchestre National de France
Dans le cadre d’un concert enregistré le 12 septembre à Radio France, l’Orchestre national de France a remis au goût du jour une composition puissante d’une compositrice engagée, Elsa Barraine.
Portrait d’Elsa Barraine
Elsa Barraine (1910-1999), représentée dans un portrait photographique assise au piano, évoque une jeune Greta Garbo. Son allure presque androgyne et ses traits déterminés représentent parfaitement son engagement artistique et politique. Lauréate de multiples prix au Conservatoire, elle a été la première femme à remporter le grand prix de Rome en 1930, rejoignant les rangs de Lili Boulanger, Marguerite Canal et Jeanne Leleu, qui avaient précédemment atteint cet exploit.
Un engagement politique fort
Dès 1933, Barraine s’engage en écrivant _Pogromes_, une œuvre dénonçant les actes antisémites alors que les nazis prennent le pouvoir en Allemagne. Elle se consacre à une musique accessible, intégrant la Fédération musicale populaire en 1937 et adhérant au Parti communiste l’année suivante.
Résistance et reconnaissance post-guerre
En pleine Seconde Guerre mondiale, Barraine joue un rôle actif dans la Résistance, notamment au sein du Front national des musiciens, malgré la perte de ses postes en raison de ses origines juives. Sa _Symphonie n° 2_, réalisée en 1938, connaît un succès certain après la guerre, interprétée entre autres par le chef Manuel Rosenthal. Différents enregistrements, notamment sous la direction d’André Cluytens, sont accessibles en ligne.
Retour sur le devant de la scène
Si la musique d’Elsa Barraine semble moins en phase avec les courants modernes des années 70 et 80, les mouvements féministes récents ont permis un regain d’intérêt pour les compositrices souvent oubliées. Des institutions musicales commencent à se tourner vers des figures telles que Barraine, dont le travail mérite d’être redécouvert.
La présentation de la Symphonie n°2
Lors d’un concert dirigé par Cristian Macelaru, la courte mais dense _Symphonie n° 2_ d’Elsa Barraine a été intégrée à un programme comprenant également des œuvres de Brahms et Debussy. Ce choix souligne l’importance de sa contribution à la musique, ayant aussi travaillé pour la radiodiffusion nationale et enseigné au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.
Analyse de l’œuvre
La _Symphonie n° 2_, sous-titrée « Voïna » (qui signifie « guerre » en russe), transmet une profonde angoisse à travers sa composition. Bien qu’elle ne soit pas un chef-d’œuvre absolu, sa structure allie habilement différents courants musicaux, incorporant des influences d’Albert Roussel, Arthur Honegger, Igor Stravinsky et Serge Prokofiev. Le mouvement central, une marche funèbre, a particulièrement impressionné l’auditoire grâce aux superbes performances des flûtes et hautbois de l’Orchestre national de France.
Une redécouverte nécessaire
Il est crucial d’approfondir le catalogue d’Elsa Barraine, qui mérite pleinement d’être réévaluée dans l’histoire de la musique française. La richesse de son œuvre et son engagement artistique en font une figure incontournable à redécouvrir.
Le programme de ce concert, incluant la _Symphonie n° 2_ d’Elsa Barraine, ainsi que le _Concerto pour violon_ de Johannes Brahms et _Images_ de Claude Debussy, est disponible sur Arte.tv jusqu’au 12 septembre 2025.