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Eugen Gomringer, poète emblématique de la poésie concrète en Allemagne, célèbre cette année ses 100 ans. Sa carrière a été marquée par des moments de gloire, mais aussi par des controverses, notamment celle entourant son poème « avenidas ». Cette polémique, survenue il y a sept ans, soulève des questions sur la Cancel Culture et l’interprétation de l’art.
Les débuts de Gomringer
Né le 20 janvier 1925 à Cachuela Esperanza, en Bolivie, de mère bolivienne et de père suisse, Gomringer a été exposé dès son plus jeune âge à une riche diversité linguistique. Élevé à Zürich depuis 1928, il a développé un sens aigu de la poésie à travers un mélange de langues : l’espagnol, l’allemand et le suisse-allemand.
Un poète innovant
En 1953, Gomringer a posé les fondations de la poésie concrète, un mouvement qui joue sur la structure et le placement des mots. Son poème « avenidas », qui consiste en une simple série de mots tels que *avenidas* (avenues), *flores* (fleurs), *mujeres* (femmes) et *un admirateur* (un admirateur), démontre son approche unique et ludique de la poésie.
La controverse autour de « avenidas »
Au début de l’année 2018, le poème « avenidas » a été au centre d’une vive controverse lorsque des étudiants de l’Alice-Salomon-Hochschule à Berlin ont demandé son retrait d’un mur d’affichage. Ils ont jugé que la représentation des femmes comme des objets, à l’instar des routes et des fleurs, était sexiste. Cet incident a été perçu comme un exemple précoce d’une Cancel Culture émergente, et Gomringer en fut l’un des premiers victimes.
Un hommage mérité
Malgré la polémique, Gomringer continue de recevoir reconnaissance et respect. Depuis l’été 2018, la commune de Rehau, où il réside depuis 1976, a honoré le poète en affichant les vers de « avenidas » sur une façade de maison, redonnant ainsi vie à son œuvre dans un contexte qui lui est plus favorable.