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Dans une réinterprétation audacieuse du chef-d’œuvre de Pina Bausch, Meryl Tankard présente son adaptation de « Kontakthof », un des pièces les plus célèbres du théâtre dansé. Cette version, intitulée « Kontakthof – Echoes of ’78 », a récemment fait ses débuts au Wuppertaler Opernhaus, un lieu emblématique où Bausch a établi sa renommée mondiale en 1973.
Une performance captivante et émouvante
Tankard, à la fois chorégraphe et interprète, réussit à créer une expérience à la fois visuelle et émotionnelle. En intégrant des projections de films en noir et blanc de la distribution originale de 1978, elle confronte les danseurs d’aujourd’hui, âgés de 69 à 81 ans, à leurs jeunes versions. Cette approche génère une réflexion poignante sur le passage du temps et l’évolution de l’art du mouvement.
Les danseurs, en se synchronisant avec leurs anciens selves, offrent une performance impressionnante, pleine de profondeur et de magie. Même si un moment particulier leur permet de céder à la vitesse des images filmées, la plupart de la représentation reste ancrée dans la présence physique et l’énergie du groupe réuni.
Une mise en scène innovante
Tankard utilise son expérience en réalisation cinématographique pour monter habilement ces séquences vidéo. L’originalité de son approche se trouve dans la création d’un « scénario » basé sur 24 bandes d’archives, qu’elle a soigneusement montées pour composer une représentation de 90 minutes, condensant ainsi l’essence de la pièce initiale de trois heures.
Les thèmes présentés durant cette performance invitent à réfléchir sur la beauté et la puissance du danse, captivant les spectateurs grâce à la virtuosité des interprètes. Cette fusion entre film et théâtre met en lumière la capacité unique du travail de Bausch à transcender les limites conventionnelles du théâtre dansé.
Les échos du passé et du présent
Au fil des scènes, des moments touchants émergent, notamment lorsque des danseurs évoquent leurs partenaires disparus. Beatrice Libonati partage son chagrin de perdre son mari, Jan Minarik, l’un des plus grands danseurs de Bausch. Cette connexion entre le passé et le présent souligne l’impact durable de l’œuvre de Bausch sur ses interprètes et son public.
« Kontakthof » n’est pas seulement une représentation, mais une exploration de l’identité, de la culture et des relations humaines, présentée à travers le prisme du souvenir et de l’émotion.
Reflexions sur l’héritage de Pina Bausch
À travers cette revisite, Meryl Tankard réinvente le classique de Bausch, le redéfinissant comme un commentaire sur nos chaînes sociales tout en rendant hommage à la liberté de l’expression humaine. En intégrant des éléments de sa propre histoire, Tankard pose une question provocante : comment les échos de l’enfance en période de guerre influencent-ils notre perception du monde ?
Cette représentation sert de rappel poignant du pouvoir cathartique du théâtre et du mouvement, reliant les générations tout en célébrant la force intemporelle de l’œuvre de Pina Bausch.