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Dans un monde où l’intelligence artificielle (IA) prend une place de plus en plus prépondérante, la philosophie se pose la question de son rôle et de ses implications. Charles Pépin, chaque samedi sur Inter, répond à des interrogations sur ce sujet complexe. Aujourd’hui, il aborde la question suivante : « Qu’est-ce que la philosophie peut nous dire de l’intelligence artificielle ? »
Une intelligence nouvelle
L’IA peut être définie comme une forme d’intelligence, dérivée du mot latin « intellegere », qui signifie saisir ou comprendre. Plus nous disposons de données à analyser, plus notre capacité à comprendre s’accroît. Sous cet angle, l’IA surpasse l’intelligence humaine, car elle peut traiter des quantités massives d’informations que nous ne pouvons pas rivaliser.
Un langage qui n’est plus exclusif
Un autre aspect fascinant est que l’intelligence des machines s’exprime désormais par le langage. Les utilisateurs de Chat GPT-4 peuvent en témoigner : le langage, autrefois considéré comme un apanage de l’humanité, est désormais utilisé par les machines. Cela soulève des questions profondes sur notre identité et notre place dans l’univers, rappelant les blessures narcissiques que Freud a identifiées dans l’histoire de l’humanité.
Les blessures narcissiques de l’humanité
Freud a évoqué trois grandes blessures narcissiques :
- La première, causée par Galilée, qui a prouvé que la Terre n’est pas le centre de l’Univers.
- La deuxième, par Darwin, qui a placé l’homme au rang d’une espèce parmi tant d’autres.
- La troisième, par Freud lui-même, avec la découverte de l’inconscient.
La quatrième blessure pourrait bien être l’émergence d’une IA capable de penser et de parler. Les prédictions des auteurs de science-fiction semblaient éloignées, mais aujourd’hui, nous sommes face à une réalité où ces intelligences, parfois invisibles, apprennent et évoluent.
La place de l’homme dans un monde d’IA
Si nous continuons à négliger la lecture au profit d’activités moins enrichissantes, et si les IA apprennent continuellement à partir de textes, l’avenir pourrait être difficile pour l’humanité. Nos compétences intellectuelles pourraient s’éroder, tandis que celles des IA continuent de s’affiner.
Les limites de l’intelligence artificielle
Malgré cette avancée, il reste des domaines où l’intelligence humaine demeure unique. L’intelligence humaine n’est pas seulement une question d’analyse de données mais également de réflexion sur les valeurs et le sens de la vie. L’IA, bien qu’efficace dans le traitement des informations, ne peut pas véritablement philosopher.
L’émotion et l’esprit humain
Nous, en tant qu’êtres humains, ressentons des émotions. Nous avons la capacité de douter, d’hésiter et de ressentir le poids des questions existentielles. L’IA, quant à elle, ne peut éprouver l’amour, le choc esthétique ou mystique. Elle utilise des données et des algorithmes, sans jamais toucher à la profondeur de l’expérience humaine.
Qu’est-ce qui reste de l’esprit humain ?
Notre intelligence est façonnée par des éléments qui échappent à l’IA : le doute, l’humour, l’hésitation et l’ambiguïté. Ces aspects de notre nature humaine sont peut-être ce que nous appelons l’esprit. Dans ce contexte, la philosophie nous aide à naviguer ces complexités et à préserver notre humanité face à l’ascension des machines.