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Serge Rezvani aime tant la vie que celle-ci a décidé de l’en remercier en le gardant le plus longtemps possible auprès d’elle. Dans cet appartement d’artiste, orné de tableaux et d’un piano, situé rue Notre-Dame-des-Champs dans le 6e arrondissement de Paris, le temps semble suspendu. Le visage parcheminé mais le cheveu toujours mi-long, cet homme vit ici depuis la mort, en 2019, de sa troisième épouse, l’actrice Marie-José Nat. En 1947, à l’âge de 19 ans, il avait publié son premier livre, tiré à seulement seize exemplaires.
Une carrière artistique riche
Serge Rezvani s’est lié au poète Paul Éluard, qui souhaitait que les bois gravés de cet inconnu, réalisés à Nice sur des caissettes de récupération, illustrent son poème *Elle se fit élever un palais*. Le jeune peintre de Montparnasse, alors sans le sou, a su s’imposer dans le monde artistique parisien.
Le tourbillon des chansons
Cependant, c’est avec ses chansons que son nom a perduré dans la mémoire collective. Le récent coffret *Serge Rezvani. Le tourbillon de mes chansons*, publié par les Productions Jacques Canetti, rappelle son influence. Le premier volume se concentre sur les interprètes historiques, mettant en avant Jeanne Moreau, qui ouvre le bal avec une version retrouvée de la ritournelle du film *Jules et Jim* (1962) orchestrée par François Rauber.
Le coffret rend également hommage à d’autres grandes voix comme Anna Karina, qui a chanté dans *Pierrot le Fou* (1965), et la britannique Vanessa Redgrave, qui a adapté certaines chansons pour un court-métrage de son époux.
Des chansons mémorables
Le premier album de Rezvani, paru en 1963 sous le titre *Jeanne Moreau chante 12 chansons de Cyrus Bassiak*, a révélé son pseudonyme, qui marie son prénom de naissance à un terme russe signifiant « va-nu-pieds ». François Truffaut a même rédigé un mot de présentation, louant des chansons « jamais simplistes mais toujours simples, parfois tristes mais jamais larmoyantes ». Parmi les classiques de Rezvani figurent des titres tels que *J’ai la mémoire qui flanche*, *La Peau Léon*, et *La Vie de cocagne*.