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Le Retour de la Chanson Oubliée de Fairouz Après une Absence
L’icône de la musique libanaise, Fairouz, associée aux frères Rahbani, a su incarner les différentes étapes de l’apparition et de la disparition de la cause palestinienne sur la scène internationale à travers sa chanson « Safart Al Qadiya ». Cette chanson retrace l’histoire de la cause palestinienne, son existence et son absence, avant de refaire surface grâce aux réseaux sociaux.
La chanson reflète la situation de la cause palestinienne, retrouvant son importance après l’opération « Flood of Al-Aqsa » en la ramenant au centre des débats politiques internationaux, après une période d’oubli, incitant les leaders mondiaux à rechercher des solutions à cette problématique.
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« Safeat Al Qadiya » se distingue par sa critique sarcastique de la manière dont les institutions internationales abordent la question, illustrant cela à travers un style caricatural mettant en lumière les lenteurs et les complications des procédures au niveau international. Cette chanson ne suit pas les règles traditionnelles de la poésie en termes de métrique et de rimes, mais se présente comme un texte satirique prenant la forme d’une histoire.
La Cause Sous Toutes ses Formes
Les frères Rahbani, compositeurs de la chanson, l’ont présentée pour la première fois lors de l’Exposition internationale de Damas en 1968. L’historien de la musique, Mohammed al-Zibawi, a souligné lors d’une interview à la chaîne de télévision libanaise « MTV » que la chanson n’avait jamais été interdite comme cela était souvent propagé.
Dans « Safart Al Qadiya », nous assistons à une représentation artistique de l’état de la cause palestinienne dans les arènes internationales. Les paroles décrivent le parcours de la cause devant les tribunaux internationaux exposant ses problèmes. L’Assemblée générale se réunit pour débattre de la « cause des causes » avec la participation de délégués du monde entier, des grandes et petites nations, du Nord et du Sud.
La chanson met en scène des discours interminables, des débats sur la paix, les cessez-le-feu et la recherche d’une solution équitable. Elle présente les efforts diplomatiques, les déclarations et les recommandations qui semblent offrir des solutions, mais sans réel progrès concret.
Dans le dernier couplet, les cahiers sont refermés et les juges se retirent pour se reposer après une longue séance de débats. Pendant ce temps, en dehors de ces salles officielles, les démunis et les affamés vivent dans des conditions difficiles, cherchant la paix au milieu des tempêtes qui détruisent leurs abris.
« Safart Al Qadiya » met en lumière la contradiction entre les discussions officielles éloignées de la réalité et les conditions tragiques que vivent les personnes ordinaires touchées par le conflit.
Mohammed ElBaradei, avocat et diplomate égyptien lauréat du prix Nobel de la paix en 2005, et ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, fait partie des premiers à avoir partagé la chanson sur le site (X) le 22 février dernier.
Chants Engagés
Même s’il est difficile de trouver un chanteur arabe n’ayant pas interprété au moins une chanson pour la Palestine, les chansons de Fairouz restent parmi les plus belles et les plus marquantes, de « Rajaeen » à « Al Quds Al Ateeqa », « Beit Bisaan », « Zahret El Madaen » et bien d’autres. Dans « Rajaeen », le poète palestinien Haroun Hashim Rashid décrit les tragédies de la Nakba et prédit ce qui se passe en Palestine aujourd’hui.
« A night fell on the rafts, where do we sleep
No shelter, no resting place, should we lie in the fields
No house, no voice, and hours pass in solitude
We tasted horror and put an end to the night without food
The cold was harsh and intensified, where do we sleep
Our beloved house inhabited by a stranger »
Dans « Al Quds Al Ateeqa », Fairouz livre l’une de ses plus belles interprétations. Le début de la chanson serait inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée dans les rues de Jérusalem entre Fairouz et une dame palestinienne lorsque, marchant dans les ruelles, les femmes se sont rassemblées autour d’elle se plaignant de la situation désastreuse après la Nakba. L’une d’elles s’est alors approchée pour lui offrir « un vase » en signe d’affection, et les frères Rahbani ont transformé l’histoire en « Les rues de Jérusalem Al Ateiqa », enregistrée à la télévision libanaise en 1965.
« I passed through the streets, the old streets of Jerusalem
In front of the shops left over from Palestine
We shared the news and they gave me a vase
They said to me, this is a gift from the people waiting
And I walked through the streets, the old streets of Jerusalem
Stopped at a door, it became a companion
And their sad eyes were the energy of the city
They take me and lead me to the shadows that cry »
Dans « Zahret El Madaen », Fairouz présente une ode, un chant, une chanson qui correspond à la lutte pour la libération.
« The door of our city will not be closed, for I am going to pray
I will knock on the doors and I will open them
La Beauté Engagée des Chansons de Fairouz
Les chansons de Fairouz témoignent de cette beauté artistique et de son rôle documentaire, révélant ces détails humains qui maintiennent les réalités palestiniennes visibles malgré les tentatives de dissimulation. Ainsi, le village de « Bisaan », présent dans la chanson, semble si réel aux auditeurs qu’ils ont l’impression de s’y installer après l’avoir écoutée, nommant leurs filles d’après elle et l’aimant comme s’il s’agissait de leur propre enfant.
« Take me to Bisaan
Take me to the outskirts
To a nap at my door
Take me with the sensitive to the shadows that cry… »
Profitez de la puissance émotionnelle des chansons de Fairouz et revivez l’héritage musical engagé de l’une des plus grandes voix arabes de tous les temps.