Il est de ces personnalités publiques que l’on a l’impression de connaître, car elles nous accompagnent depuis toujours ou presque. A tel point qu’elles feraient presque partie de notre famille ou de nos amis, alors même qu’elles ne nous connaissent pas, et que nous ne les avons jamais rencontrées en personne. Voilà ce que l’on appelle une relation parasociale.
Théorisé en 1956 par deux sociologues, le terme d’interaction parasociale désigne précisément ce qui lie les Britanniques à leur reine Elizabeth II, récemment décédée. Ceux-ci ont, au fil des années et pour la plupart, développé des sentiments d’amitié et d’affection avec leur reine. Or, il s’agit bien d’une relation à sens unique, puisque la reine elle-même n’a pas lié de tels relations avec l’ensemble de ses sujets.
Un article publié dans la prestigieuse revue Nature (Source 1) le 14 septembre dernier fait le point sur ce phénomène, que l’on peut appeler deuil parasocial dans le cas de la mort d’Elizabeth II.
Interrogé sur le sujet, Michael Cholbi, philosophe et éthicien à l’Université d’Édimbourg, au Royaume-Uni, estime que cette tristesse de la part du peuple britannique, n’a rien d’étonnant. “Je pense assurément que les relations parasociales peuvent engendrer du chagrin. Je ne vois pas pourquoi nous devrions anticiper que le deuil ne surgirait, n’aurait de sens que dans le contexte de relations réciproques”, a-t-il déclaré.
Un vrai deuil, qui dure toutefois moins longtemps
Pour le philosophe, la perte d’une personnalité publique, et d’autant plus d’une personnalité aussi importante que la Reine du Royaume-Uni, correspond pour tout un chacun à “la perte de quelqu’un qui a joué un rôle dans ses propres valeurs et préoccupations”. “Donc, cela ressemble non seulement à une sorte de perte de la personne, mais d’une certaine manière, à une petite perte d’un aspect de soi-même”, a-t-il ajouté. Avec le décès de Sa Majesté la Reine Elizabeth II, c’est en effet une page qui se tourne, une époque qui se termine, et une nouvelle ère qui débute, d’autant plus que le règne d’Elizabeth II a marqué le 20e siècle. Un même phénomène de deuil parasocial a pu être observé lors de la mort de stars de la musique, telles que Johnny Halliday en France, Diego Maradona en Argentine ou Michael Jackson de par le monde.
La “bonne” nouvelle, si l’on peut s’exprimer ainsi, c’est que ces deuils parasociaux ne durent pas aussi longtemps que ceux liés à la perte d’un être cher issu de son cercle familial ou amical. Car le lien que nous formons avec quelqu’un repose à la fois sur le temps que l’on passe ensemble et sur la proximité avec cette personne. Le deuil des Britanniques ne devrait donc pas s’éterniser, fusse la perte de la Reine une épreuve difficile puisqu’Elizabeth II jouissait d’une très grande popularité et d’une très grande estime de la part de son peuple.
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