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La France détient un triste record mondial dans le cancer du sein
On savait l’incidence du cancer du sein particulièrement élevée en France, mais ces nouvelles données, qui comparent les chiffres à l’échelle mondiale, montrent l’ampleur de la situation.
Le taux d’incidence du cancer du sein le plus élevé au monde
La France détient ainsi un bien triste record : c’est le pays qui a le taux d’incidence du cancer du sein le plus élevé au monde, avec 105,4 cas pour 100 000 habitants. Et ce selon une étude du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), publiée en mars 2024 et récemment repérée par Le Parisien.
Pour se rendre compte de la gravité de la situation, il faut donner des éléments de comparaison, à commencer par la situation chez nos voisins européens :
- 87 cas pour 100 000 habitants en Italie
- 81 cas pour 100 000 habitants en Espagne
- 94 cas pour 100 000 habitants au Royaume-Uni
- 77 cas pour 100 000 habitants en Allemagne
Dans ce triste “podium” de l’incidence du cancer du sein, la France est suivie par l’Australie (101,5 pour 100 000 habitants) et les États-Unis (95,9 pour 100 000 habitants). Ces données sont bien loin des quelque 33 cas pour 100 000 habitants recensés en Chine, ou 26,6 cas pour 100 000 habitants en Inde.
L’étude précise que le cancer du sein féminin est la deuxième cause d’incidence mondiale du cancer en 2022, avec environ 2,3 millions de nouveaux cas, soit 11,6 % de tous les cas de cancer. C’est la quatrième cause de mortalité par cancer dans le monde, avec 666 000 décès (6,9 % de tous les décès par cancer). Chez les femmes, c’est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué, le cancer qui constitue la principale cause de décès par cancer dans le monde et dans 157 pays pour l’incidence et dans 112 pays pour la mortalité.
Entre facteurs de risque en hausse et meilleure détection
Reste à expliquer pourquoi la France a hérité de cette première place en termes d’incidence. Les auteurs de l’étude mettent en avant certains facteurs possibles : puberté précoce, ménopause tardive, baisse du nombre d’enfants par femme, traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, contraceptifs oraux, surpoids et obésité, tabagisme, consommation d’alcool, sédentarité…
Mais si ces facteurs expliquent en partie la hausse de l’incidence du cancer du sein en France et ailleurs, une détection accrue de ce type de cancer y a également contribué, grâce à la mammographie, estiment les auteurs de l’étude.
Petite consolation, si l’on peut s’exprimer ainsi : dans les pays à haut niveau de revenu, comme la France, où l’incidence du cancer du sein est élevée, les taux de mortalité ont décliné depuis les années 1990, reflétant les progrès médicaux de ces dernières années tant pour la détection que le traitement de ce cancer. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays du globe, notamment dans certains pays d’Afrique et d’Asie, du fait du manque d’infrastructures et de moyens médicaux.
Les initiatives françaises pour lutter contre le cancer du sein
Face à cette situation alarmante, la France a déployé plusieurs initiatives pour lutter contre le cancer du sein. Parmi celles-ci, on peut mentionner les campagnes de sensibilisation et de dépistage précoce. Le mois d’octobre est ainsi devenu le mois de la sensibilisation au cancer du sein, avec l’opération Octobre Rose, qui vise à informer et à inciter les femmes à se faire dépister régulièrement.
De plus, le gouvernement français met en place des programmes de recherche pour mieux comprendre les facteurs de risque et développer des traitements plus efficaces. Le Plan Cancer, lancé en 2003 et régulièrement renouvelé, est une initiative qui structure les efforts de lutte contre les cancers, dont le cancer du sein.
Les associations jouent également un rôle crucial. On peut citer la Ligue contre le cancer et l’association Ruban Rose, qui apportent un soutien moral et financier aux patients et à leurs familles, tout en finance des projets de recherche.
Prévention et dépistage : des outils indispensables
La prévention et le dépistage sont les meilleurs moyens pour réduire l’incidence et la mortalité du cancer du sein. Le dépistage organisé permet de détecter le cancer à un stade précoce, augmentant ainsi les chances de guérison. En France, les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à passer une mammographie tous les deux ans, entièrement prise en charge par l’Assurance Maladie.
La prévention passe également par l’adoption de modes de vie sains. Une alimentation équilibrée, la pratique régulière d’une activité physique, la limitation de la consommation d’alcool et l’arrêt du tabac sont autant de mesures à prendre pour réduire son risque de développer un cancer du sein.
Les avancées technologiques jouent également un rôle. Les mammographies numériques, l’IRM mammaire et d’autres techniques d’imagerie permettent de mieux repérer les anomalies. Les tests génétiques peuvent également identifier les femmes à haut risque, notamment celles porteuses des mutations BRCA1 et BRCA2.
L’avenir de la lutte contre le cancer du sein
L’avenir de la lutte contre le cancer du sein repose sur plusieurs axes. D’une part, la recherche continue de progresser avec des innovations dans les traitements, comme les thérapies ciblées et l’immunothérapie. D’autre part, l’amélioration des dispositifs de dépistage et de prévention permet d’envisager une détection encore plus précoce des cancers.
En France, le soutien aux malades et à leurs familles reste également une priorité. Le parcours de soins doit être optimisé pour offrir une prise en charge globale et pluridisciplinaire. Le développement de réseaux de soins, de plateformes d’information et le renforcement du soutien psychologique sont essentiels pour accompagner les femmes atteintes de cancer du sein.
Enfin, la sensibilisation du public et la lutte contre les idées reçues doivent se poursuivre. Informer les femmes sur les facteurs de risque, les encourager à participer aux dépistages et leur rappeler l’importance de consulter régulièrement un professionnel de santé sont des démarches incontournables pour réduire l’incidence du cancer du sein.
Conclusion
Face à un taux d’incidence alarmant, la France doit redoubler d’efforts pour mobiliser ses ressources humaines et financières dans la lutte contre le cancer du sein. Les campagnes de prévention, le dépistage précoce, la recherche scientifique et le soutien aux malades sont autant de leviers à activer pour inverser la tendance et faire reculer ce fléau.
La situation actuelle doit servir de catalyseur pour des actions concrètes et coordonnées afin de protéger la santé des femmes et de garantir un avenir où le cancer du sein ne sera plus une fatalité. Chacun, à son niveau, peut contribuer à cette lutte en adoptant des habitudes de vie saines, en soutenant les campagnes de dépistage et en encourageant la recherche scientifique.
