Les dangers du surf et comment les éviter selon un médecin expert

Les dangers du surf et comment les éviter selon un médecin expert
Le surf est un sport aquatique emblématique des plages ensoleillées. Il séduit chaque année des milliers de passionnés et de novices en quête de sensations fortes et de communion avec la nature. Mais derrière son image de loisir paradisiaque, le surf présente des risques. Patrice Labes, médecin du SAMU au Centre Hospitalier de la Côte Basque à Bayonne (64), insiste sur l'importance d'une préparation adéquate, d'une bonne connaissance de l’environnement et de la mise en place des mesures de sécurité appropriées pour limiter les accidents et profiter pleinement des vagues. « Que vous soyez novice ou surfeur chevronné : la sécurité doit primer pour que chaque session reste un moment de plaisir », affirme-t-il.



Le surf, un sport accessible à tous…
Le surf est parfois perçu comme un sport réservé aux initiés, mais il est en réalité accessible à un large éventail de personnes, quel que soit leur âge ou leur niveau de forme physique. Il existe des spots de surf adaptés à tous les niveaux, des vagues douces pour les débutants aux vagues plus puissantes pour les surfeurs expérimentés. Des écoles de surf et des instructeurs qualifiés sont présents sur la plupart des plages populaires pour aider les débutants à progresser en toute sécurité, affirme Patrice Labes.
Et de préciser : « Le surf se pratique toute l’année lorsque les conditions sont favorables et la location d’équipement est courante, ce qui permet à chacun de s’initier au surf sans investissement initial important ! ». Les planches de surf sont notamment disponibles dans une grande variété de tailles et de formes, permettant de choisir des planches plus ou moins stables et faciles à manœuvrer en fonction de son niveau.
Par ailleurs, de nombreux clubs proposent des cours adaptés aux personnes en situation de handicap physique ou mental (handi surf) et aux personnes souffrant de maladies chroniques. La surf therapy gagne en popularité : considérée comme un outil thérapeutique à part entière, elle permet d’atténuer certaines souffrances physiques et psychologiques, de favoriser la rééducation et de prévenir un certain nombre de pathologies (troubles cardiovasculaires, troubles du sommeil, stress, cancers, etc.).



Rappel : quels sont les bienfaits du surf ?

    
Le surf sollicite de nombreux groupes musculaires, notamment les bras, les épaules, le dos et les jambes. Il améliore ainsi la force, l’endurance, la souplesse et la coordination.
    
Le contact avec la nature et le besoin de concentration peuvent aider à réduire le stress et l’anxiété et améliorer l’humeur générale.
    
L’apprentissage du surf favorise la patience, la résilience et la confiance en soi : chaque session est une occasion de s’améliorer et de surmonter de nouvelles difficultés !
    
Le surf est fédérateur : il permet de rencontrer de nouvelles personnes, ce qui peut renforcer le sentiment d’appartenance et améliorer les relations sociales.
    
Passer du temps dans l’eau et observer les cycles naturels des vagues et des marées favorise la conscience environnementale et le respect de l’écosystème marin.




Qui présente tout de même certains risques !
« Le surf est-il plus dangereux que le ski, le basket ou le BMX ? Difficile à dire… Ce qui est sûr en revanche, c’est que c’est une activité qui explose au niveau mondial et qu’on observe par conséquent une augmentation du nombre d’accidents », explique Patrice Labes. Ce d’autant plus que le surf est un sport auquel on peut avoir accès en toute autonomie et qui demande plus de compétences qu’il n’y paraît. Comprenez : certaines personnes se jettent à l’eau sans avoir conscience des enjeux et des risques inhérents à ce sport…



Quels sont les principaux risques environnementaux en surf ?
Il ne faut jamais oublier que les mers et les océans sont des environnements imprévisibles et potentiellement hostiles. Les surfeurs peuvent être confrontés à des courants de baïne, des vagues de forte houle ou à des marées changeantes. Les courants peuvent les emporter rapidement loin du rivage, rendant le retour sur la terre ferme difficile, voire impossible sans assistance. Et les vagues, quant à elles, peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur : une mauvaise évaluation de leur puissance peut entraîner des chutes violentes et des blessures graves !
Les conditions météorologiques peuvent aussi s’avérer dangereuses : un orage, des vents forts ou une mauvaise visibilité due au brouillard impactent inévitablement la pratique et augmentent les risques d’accidents. « Mieux vaut rester au sec dans certains cas », insiste Patrice Labes. Et de préciser : « les récifs, les rochers, voire les épaves cachées sous la surface de l’eau peuvent aussi s’avérer dangereux et occasionner des coupures ou des contusions en cas de collision ».
Surfer dans des eaux polluées est aussi loin d’être une partie de plaisir. La pollution de l’eau, qu’elle soit chimique ou bactériologique (algues, plastiques, etc.) peut en effet avoir des effets néfastes sur la santé des surfeurs et entraîner des infections cutanées, des troubles gastro-intestinaux, ou d’autres problèmes de santé. Il est donc crucial de se renseigner sur la qualité de l’eau et la présence d’éventuels agents pathogènes avant de surfer et de se doucher après une session de surf.
Enfin, les surfeurs peuvent rencontrer des méduses, des raies, des vives, des oursins, voire des requins dans certaines régions du monde. « Bien que les attaques de requins soient rares, elles peuvent être fatales. Les méduses et les raies, quant à elles, peuvent infliger des piqûres douloureuses, voire dangereuses en cas de réaction allergique », souligne Patrice Labes. La présence d’autres animaux marins, comme les phoques ou les dauphins implique aussi de prendre ses précautions.



La surpopulation des spots de surf augmente aussi les risques d’accidents
Les « erreurs humaines » sont aussi bien souvent à l’origine d’accidents… « Le manque de préparation et d’équipement adapté entre souvent en compte », signale le médecin urgentiste qui rappelle qu’une bonne condition physique et une connaissance approfondie des conditions marines sont nécessaires lorsqu’on évolue en autonomie. Les personnes qui surestiment leurs capacités ou ignorent les consignes de sécurité s’exposent à des risques accrus et mettent aussi en danger les surfeurs qui les entourent !
Le non-respect des règles de priorité et des zones de surf entraîne bien souvent des collisions entre surfeurs, occasionnant blessures et frictions. Et la surpopulation de certains spots accentue ces risques, rendant la pratique du surf parfois chaotique et dangereuse... Patrice Labes, médecin urgentiste au CH de la Côte Basque.



Quelles sont les blessures les plus courantes chez les surfeurs ?
Comme nous l’indique Patrice Labes, la plupart des accidents surviennent en été, entre les mois de juin et de septembre. « Les blessures concernent aussi bien les hommes que les femmes et peuvent survenir à tout âge, de 7 à 77 ans et plus. Elles sont généralement dues à une collision avec une planche ou ses dérives, avec un obstacle quelconque, ou avec le fond marin », prévient-il.
Et de préciser : « Les blessures musculaires et tendineuses sont plutôt rares et concernent principalement les surfeurs professionnels, voire les surfeurs amateurs qui pratiquent régulièrement et depuis longtemps ! La grande majorité des blessures sont dites traumatiques et peuvent concerner toutes les parties du corps, des oreilles aux orteils en passant par les yeux et le nez. Enfin, il subsiste un risque de malaise et de noyade pouvant entraîner la mort, mais les cas sont extrêmement rares ».



Quelles sont les blessures les plus courantes au niveau de la tête ?

    
plaies diverses,
    
traumatisme cervical,
    
fracture du nez,
    
traumatisme de l’oreille,
    
traumatisme dentaire,
    
traumatisme oculaire.

« Plus de 75 % des blessures à la tête sont des plaies plus ou moins graves et inesthétiques au niveau du cuir chevelu, mais aussi de la face (front, paupières, nez, joues, lèvres, etc.) », souligne Patrice Labes.



Quelles sont les blessures les plus courantes au niveau des membres supérieurs ?

    
plaies diverses,
    
luxation d’épaule,
    
doigt de leash,
    
traumatismes du poignet.

« Pour rappel, le leash désigne l’accessoire utilisé pour relier les surfeurs à leur planche. C’est un accessoire de sécurité indispensable qui doit uniquement être relié à votre cheville. Si vous chutez, ne cherchez surtout pas à l’attraper avec vos mains, au risque de mettre vos doigts en péril (entorses, fractures ouvertes, parfois amputations, etc.) », insiste Patrice Labes.
À noter : les traumatismes des poignets (entorses, fractures) surviennent généralement en cas de chute, lorsque les surfeurs essaient de se rattraper avec les mains et heurtent le sable.



Quelles sont les blessures les plus courantes au niveau des membres inférieurs ?

    
plaies diverses,
    
traumatisme du genou,
    
traumatisme de la cheville.

« Les traumatismes du genou et de la cheville sont généralement liés à une torsion des articulations en faible profondeur et en fin de vague, lorsque les surfeurs sautent de leur planche et heurtent par exemple le sable. Il s’agit le plus souvent d’entorses, parfois de fractures, mais on observe aussi des luxations de la rotule sur des genoux fragiles », note Patrice Labes.



Quelles sont les blessures les plus courantes au niveau du tronc ?

    
plaies diverses,
    
fractures des côtes,
    
fractures des vertèbres.




Surfeurs, prenez garde à l'exostose de l'oreille !
L’exostose de l’oreille, communément appelée « oreille du surfeur », est une affection méconnue qui handicape de nombreux amateurs de surf. Comme nous l’explique le Dr Vincent Vergnolles, médecin ORL à Bayonne, il s'agit d'une maladie primaire de l’os de l’oreille qui se caractérise par la formation de petites excroissances osseuses dans le conduit auditif externe. « Ces excroissances sont bénignes et se développent en réponse à une exposition prolongée à l’eau froide et à l’humidité - d’où l’association avec les surfeurs. À terme, elles peuvent rétrécir le canal auditif à long terme et entraîner diverses complications, comme des acouphènes, des otites à répétition ou une baisse d'audition », indique le Dr Vergnolles.



Quelles précautions prendre pour limiter ces risques ?
Pour surfer en toute sécurité et limiter les accidents, il est essentiel de prendre quelques précautions avant, pendant et après la session de surf...

Quelles précautions prendre avant de surfer ?

    
Ne surfez pas seul(e) et ne surfez pas si vous ne savez pas nager ou n’êtes pas à l’aise dans l’eau !
    
Consultez les prévisions météorologiques et maritimes pour anticiper les tempêtes et orages éventuels, mais aussi la taille et la force des vagues. Informez-vous également sur les marées et les courants (notamment les courants de déchirure).
    
Choisissez un spot adapté à votre niveau et préférez les plages surveillées par des sauveteurs. « Si vous débutez, évitez les zones trop fréquentées, trop agitées et celles qui sont entourées de rochers ou de récifs », conseille Patrice Labes.
    
Identifiez les zones de baignade et n’y pénétrez pas en surfant, au risque de percuter des nageurs !
    
Utilisez un équipement en bon état et adapté à votre niveau : adaptez la taille et le type de planche à votre niveau de compétence, portez une combinaison néoprène adaptée aux conditions de température de l’eau, utilisez toujours un leash pour éviter de perdre votre planche et pour protéger les autres surfeurs et pensez au casque, insiste Patrice Labes.
    
Avant de vous jeter à l’eau, faites quelques exercices d’échauffement et d’étirements pour préparer vos muscles et vos articulations.
    
Apprenez les bases des premiers secours, y compris comment traiter les coupures, les contusions et les fractures mineures.




Quelles précautions prendre pendant les sessions de surf ?

    
Au risque de nous répéter, ne surfez pas seul(e), surtout si vous êtes débutant. Avoir un(e) partenaire peut être crucial en cas d’incident.
    
Communiquez et respectez les règles de priorité pour éviter les collisions avec d’autres surfeurs. « Faites preuve de politesse, soyez attentif aux autres surfeurs et utilisez des signaux de la main pour indiquer vos intentions », recommande Patrice Labes. Et de préciser lesdites règles de sécurité : « contournez la zone de déferlement pour vous rendre au large, laissez la priorité au surfeur le plus à l’intérieur du déferlement et ne vous lancez pas sur une vague s’il y a déjà quelqu’un dessus ».
    
Apprenez à tomber correctement pour minimiser les risques de blessures : ne plongez pas tête la première, ne sautez pas jambes tendues, protégez votre tête en cas de chute.
    
Si vous êtes pris dans un courant, ne paniquez pas. Faites des signes avec vos bras et ne tentez pas de regagner la plage à la nage !
    
Évitez les zones avec des rochers, des récifs ou des obstacles sous-marins. Et si vous repérez un danger (courants forts, animaux), informez les autres surfeurs et les autorités locales.
    
Enfin, si vous ou un autre surfeur êtes gravement blessé(e) ou en difficulté, n’hésitez pas à demander de l’aide aux sauveteurs ou à d’autres surfeurs.

En cas de problème, alertez toujours le 15 (SAMU) ou le 196 (SECOURS MARITIMES).



De l’importance du casque pour limiter les traumatismes crâniens en surf !
Vous n’avez sans doute pas l’habitude de voir des surfeurs casqués. Et pourtant… Cette habitude simple pourrait éviter de nombreuses blessures au niveau de la tête. « Le port du casque permet de prévenir la majorité des petits traumatismes au niveau du cuir chevelu et de la face. Il peut aussi réduire le risque de traumatisme crânien », estime Patrice Labes. Laissez donc de côté vos préoccupations esthétiques et privilégiez la sécurité !



Quelles précautions prendre après les sessions de surf ?

    
Faites quelques étirements pour aider à la récupération musculaire et réduire les risques de courbatures.
    
Réfléchissez à votre session pour identifier les points à améliorer et les précautions à prendre pour la prochaine fois.
    
Douchez-vous et rincez votre équipement à l’eau douce, y compris la planche et la combinaison, pour prolonger leur durée de vie.