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Reconnaître et Traiter les TOC chez l’Enfant : Guide Complet
Votre enfant se lave les mains dix fois avant de manger ? Il se lève plusieurs fois de son lit pour vérifier que la porte de la maison est bien fermée et doit aligner toutes ses petites voitures avant d’aller se coucher ? Il souffre peut-être d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC). Voici ce qu’il faut savoir sur ce trouble psychique qui affecte entre 2 et 3 % de la population française.
Définition : qu’est-ce qu’un TOC ?
Les TOC se caractérisent par des pensées obsédantes (obsessions) et des comportements répétitifs (compulsions).
C’est l’association de pensées obsédantes, intrusives et de comportements répétitifs, irraisonnés, confirme la Dre Hélène Denis, psychiatre pour enfants et adolescents.
Alors qu’avoir des pensées intrusives est fréquent, normal et sans conséquence sur le quotidien, chez les enfants qui souffrent de TOC, celles-ci sont mal interprétées. « Ils les considèrent inacceptables, immorales ou menaçantes », poursuit la psychiatre.
« Souvent, ces pensées sont contraires à leurs valeurs voire choquantes pour eux. Un phénomène qui génère une culpabilité et une grande anxiété. Pour contrecarrer ces obsessions, ils vont accomplir des gestes répétitifs appelés compulsions : par exemple, se laver plusieurs fois les mains avant de passer à table ».
Comment savoir si mon enfant souffre d’un TOC ?
Même s’ils ont conscience de l’absurdité de leurs pensées obsédantes, les enfants et adolescents ont souvent des difficultés à reconnaître le caractère pathologique de leurs conduites obsessionnelles et compulsives.
Ils vont même avoir tendance à les cacher à leur entourage, parce qu’ils ont honte, ce qui retarde d’autant plus le diagnostic. Dre Hélène Denis
Les enfants qui souffrent de TOC peuvent aussi avoir des crises de colère lorsque leur routine est interrompue. Les troubles obsessionnels compulsifs deviennent alors un vrai sujet de crispation au sein de la cellule familiale et peuvent fortement impacter le quotidien, surtout lorsqu’ils durent plus d’une heure par jour…
Quels sont les principaux symptômes ?
Les TOC se traduisent par :
- Rituels de vérification : s’assurer constamment que les lampes sont bien éteintes, que la porte est fermée, etc.
- Rituels de répétition : passer et repasser la porte, faire un geste plusieurs fois, répéter un mot ou un chiffre.
- Rituels d’ordre et de rangement : aligner des objets.
- Rituels d’évitement : ne pas toucher tel objet.
- Rituels de lavage et de nettoyage : se laver plusieurs fois les mains avant de manger, etc.
Il faut bien distinguer les TOC d’autres rituels qui sont totalement normaux dans le développement de l’enfant.
Par exemple : vérifier que la porte est bien fermée le soir avant d’aller se coucher, c’est normal, souligne la spécialiste. En revanche, se relever dix fois pour s’en assurer, c’est plus problématique. Quand le rituel devient envahissant et qu’il perturbe la vie de famille, il peut être pertinent de consulter un spécialiste. Dre Hélène Denis
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Quels sont les types de TOC les plus courants ?
Les troubles obsessionnels compulsifs apparaissent généralement vers l’âge de 7 ou 8 ans chez les enfants et à la période pré-pubère (10-11 ans) chez les adolescents. « Environ 25 % des cas débutent avant l’âge de 14 ans », précise l’Inserm.
Les obsessions tournent souvent autour de :
- La peur de la saleté et de la contamination.
- La peur de violences contre soi ou ses proches.
- La peur du désordre.
- La peur d’être responsable de catastrophes ou de la mort d’autrui.
- La peur de l’erreur, de l’oubli.
De plus, elles se manifestent par des compulsions de vérification (vérifier plusieurs fois que la lumière est éteinte, que la porte est fermée) ; des rituels de lavage ou de comptage ; ou encore la répétition de certains mots.
Causes : pourquoi les TOC apparaissent chez l’enfant ?
Les troubles obsessionnels compulsifs seraient liés à plusieurs facteurs biologiques, environnementaux et sociaux.
Il y a une vulnérabilité génétique au développement des TOC. Dre Hélène Denis
Selon l’INSERM, « les études réalisées sur des familles de patients qui souffrent de TOC ont montré l’influence de facteurs génétiques dans l’émergence de la maladie, même si leur rôle reste mal défini.
Une origine héréditaire dans 27 à 49 % des cas
L’héritabilité est globalement estimée à 27–49 %, et ce chiffre monte à 65 % chez les personnes dont les symptômes surviennent lors de l’enfance ou l’adolescence. Plusieurs gènes liés aux systèmes de neurotransmission sérotoninergique, glutamatergique et dopaminergique semblent impliqués.
Dans 30 % des cas (38 à 54 % chez l’enfant), les troubles obsessionnels compulsifs se déclenchent brutalement, à la suite d’un traumatisme ou d’un stress important.
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Traitement des TOC chez l’enfant et l’adolescent : que faire ?
Outre la prescription d’un traitement médicamenteux dans les formes les plus sévères (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine du type sertraline), les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont très efficaces pour soigner les TOC.
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) peuvent aider
Les thérapies comportementales et cognitives combinent différentes techniques thérapeutiques : l’exposition, la gestion de l’émotion négative par des techniques de relaxation ou de pleine conscience, le travail sur les obsessions par la mise à distance des pensées, etc.
L’objectif est d’apprendre aux jeunes patients à réduire leurs rituels en s’exposant et à prendre de la distance par rapport à leurs obsessions. Les TCC sont des thérapies qui durent en moyenne trois à six mois. Elles impliquent une coopération étroite entre le jeune patient et le thérapeute. « Les TCC sont basées sur la psychoéducation, confirme le Dr Dominique Servant dans l’ouvrage Se libérer de l’anxiété et des phobies en 100 questions. On délivre à la personne un certain nombre d’informations sur son problème et sur la thérapie ; elles vont lui être indispensables pour comprendre, adhérer au projet et réaliser par lui-même des exercices en dehors des séances ».
La TCC débute par une évaluation des symptômes et des circonstances de déclenchement des troubles. Après ce premier diagnostic, le thérapeute formé aux TCC (psychiatre ou psychologue) et le patient vont définir un certain nombre d’objectifs. Par exemple : s’exposer graduellement à une situation causant de l’anxiété sans avoir recours aux stratégies apaisantes de la compulsion.
Des exercices sont proposés au cours des séances, puis on définit des tâches à réaliser en dehors de celles-ci. Ces tâches permettront de modifier le comportement anxieux et de valider les avancées de la thérapie, explique le Dr Dominique Servant, médecin-psychiatre et responsable de l’unité spécialisée sur le stress et l’anxiété du CHRU de Lille.
Pour les personnes qui ont peur de la maladie et de la contamination, cela peut être de toucher différents objets sans se laver les mains par exemple.
Une thérapie active et très efficace
Les thérapies comportementales et cognitives sont très efficaces sur les symptômes anxieux et améliorent la qualité de vie des jeunes patients à court et moyen terme. « On obtient près de 80 % de guérison à un an », affirme le Dr. Hélène Denis. « La TCC va permettre à l’enfant de modifier ses comportements anxieux et d’apprendre à mieux réguler ses pensées et ses émotions. Mais pour qu’elle fonctionne, il faut pratiquer les exercices dans la vie quotidienne. C’est une thérapie active! ».
Plus l’on dépiste et l’on prend en charge tôt les troubles obsessionnels compulsifs, plus l’enfant va automatiser les pratiques de la TCC dans son apprentissage et les intégrer à son mode de fonctionnement normal. Dre Hélène Denis
À qui s’adresser ? Qui consulter ?
Vous pouvez vous adresser à un thérapeute (psychiatre ou psychologue) formé en TCC référencé sur le site de l’Association Française des Thérapies Comportementales et Cognitives (AFTCC).